Maria Bonomi - Un trésor brésilien

En 1967, lors de la cinquième Biennale de Paris, elle avait pourtant reçu le premier prix, mais sa carrière n’a pas pris d’essor, certainement handicapée par le régime dictatorial alors en place au Brésil. La Maison d’Amérique latine et le commissaire Jorge Coli remédient aujourd’hui à ce quasi-oubli en proposant une exposition plutôt gourmande.

Après une entrée en matière tonitruante sur fond rouge incarnat, la visite tente d’être à la hauteur de l’appétit créatif de Maria Bonomi, qui passe du métal au bois, de la sculpture à l’impression avec la gravure comme obsession latente. Elle mêle autant le polyester au bois dans Solombras que le cuivre, l’aluminium ou le laiton à la terre cuite dans la série Epigramas. Ses formats deviennent monumentaux dans les années 1970 jusqu’à ce qu’elle devienne une grande dame de l’art public de São Paulo. Loin de se cantonner à la bichromie de la gravure et de la xylogravure, l’artiste manie la couleur avec éclat et déborde allègrement des cadres. On sort assurément des sentiers battus de la gravure avec le travail acharné de Maria Bonomi : « Rien dans la gravure imprimée n’est superflu, rien n’y est banal. C’est un art qui s’adresse au “cerveau de l’âme” », se plaît-elle à écrire.

Toujours en mouvement, sortant du cadre, débordant les murs et le sol. Les conventions aussi. Car, souvent, de petits panneaux prient même le visiteur de toucher ses œuvres, de s’approprier leur matière, de sentir la délicatesse des rythmes de ses tailles. C’est tout l’univers gravé et expansif de cette grande artiste du Brésil qui est enfin à découvrir in extenso.