Paris-8e

Luigi Ghirri, une rétrospective incomplète

Jeu de paume - Jusqu’au 2 juin 2019

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 28 mars 2019 - 345 mots

Pourquoi annoncer une rétrospective Luigi Ghirri qui n’en est pas une, alors que seule la décennie 1970 est convoquée, soit la moitié du parcours du photographe italien décédé en 1992 ? Surtout quand les organisateurs de ce projet sont le Musée Reina Sofia, le Museum Folkwang à Essen et le Jeu de paume, et que son commissaire, James Lingwood, précise rapidement dans son avant-propos que « les quatorze séries de l’exposition “Vera Fotografia” (Photographie vraie) présentée à Parme en 1979 structurent la présente vue d’ensemble ».

Luigi Ghirri n’a pas besoin de ce type d’annonce pour aiguiser l’appétit. Certes, cette première moitié de l’œuvre s’avère plus conceptuelle et radicale que la seconde, qui aurait pu tout de même être convoquée afin de montrer ce sur quoi déboucheront les réflexions de Ghirri sur « comment penser par images » les transformations urbanistiques et culturelles de son époque. Pavillons de banlieue, campagnes d’affichage public, carte et atlas, plages, parc à thème miniature, rayonnages de sa propre bibliothèque… Ghirri puise dans les différents territoires arpentés, observés et familiers bien souvent, la « source d’activation de pensées » où il ne s’agit pas de construire une belle image en couleur, un genre ou un style, mais de traiter de l’espace, du cadre, du plan, de la ligne et de la perspective, voire d’en jouer. Le déploiement de ces travaux des années 1970 est à cet égard intéressant par ce qu’il donne à voir et à comprendre de sa démarche et de sa conception du médium, bien que le contexte artistique dans lequel évolue Ghirri, pourtant fondamental, ne soit pas, là encore, développé. Pour en savoir plus sur ce point, il faut se reporter au texte passionnant de Jacopo Benci dans le catalogue. Un oubli qu’on ne peut que regretter, car quand le géomètre de métier qu’est Luigi Ghirri décide en 1973, à l’âge de 30 ans, de se consacrer à la photographie, il a certes déjà amorcé depuis trois ans des séries sur l’environnement urbain de Modène où il vit, mais il fréquente aussi des artistes comme Parmiggiani, Cremaschi ou Guerzoni, essentiels dans sa réflexion.

« Luigi Ghirri. Cartes et territoires »,
Jeu de paume, 1, place de la Concorde, Paris-8e, www.jeudepaume.org

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°722 du 1 avril 2019, avec le titre suivant : Luigi Ghirri, une rétrospective incomplète

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