Illustration

Louis Thomas, la relève

Par Gérald Guerlais · L'ŒIL

Le 13 mai 2015 - 323 mots

Cernée par l’imagerie digitale ultra-sophistiquée, lassée des exercices de style réalistes, des démonstrations techniques académiques, la rétine a faim de plaisirs simples mais pas simplistes.

Elle a soif de l’authenticité d’un trait dont on reconnaît l’essence. Insensible à la ligne trop domptée, elle réclame la trace, le geste, la fraîcheur sans filet d’un Sempé, les faiblesses assumées de Gus Bofa, les numéros d’équilibriste de Quentin Blake, la vivacité d’un tempérament au service d’un style atemporel, les touches de peinture aquarellées dont on devine encore la dilution. Il y réside même un peu le souvenir ému des plaisirs plastiques primaires. Avec le départ du regretté Ronald Searle, cette poésie et cet humour se faisaient rares. La relève, qui honore ses pairs, est assurée. Louis Thomas s’y attèle. Vingt-sept ans à peine et déjà mille vies. Les Beaux-Arts de Paris pour se mettre en jambe, la prestigieuse École des Gobelins pour parfaire l’art de la mise en scène, CalArts en Californie pour peaufiner le savoir-faire, puis le grand bain des studios Sony et Pixar, département développement visuel, s’il vous plaît ! Le tout en moins de cinq ans. Mais les chimères du rêve hollywoodien n’aveuglent pas une jeunesse qui lit Frédéric Martel et a grandi avec le haut débit. Le destin du jeune prodige, bien que conservant sa dimension internationale, via l’exigeant agent Kirsten Hall chez Catbird Agency, reprend son souffle dans l’Hexagone. Les éditeurs se bousculent pour ce trait vivant qui ne manque pas d’esprit : Bayard, Didier Jeunesse, Milan, L’École des loisirs et, côté Anglais et Américains, Thames & Hudson, Random House et Macmillan. Les agences de pub veulent également leur part du gâté. Car Louis Thomas réalise, chez Eddy Production. Son trait vibrant, ses compositions impeccables, les proportions comiques de ses personnages se déclinent sur tous les écrans. Heureux lecteurs et spectateurs que nous sommes : Louis Thomas a l’élégance de produire un style efficace dont on ne se lassera pas facilement.

Louis Thomas, Le Compositeur est mort – Enquête à l'orchestre, Didier Jeunesse, 23,80 €. louist.blogspot.fr
Exposition « bestiaire », Galerie Malebranche, 11, rue Malebranche, Paris-5e, du 3 au 13 juin 2015.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°680 du 1 juin 2015, avec le titre suivant : Louis Thomas, la relève

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