Institut - Photographie

L’Institut pour la photographie s’ancre dans son territoire

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 14 octobre 2020 - 536 mots

LILLE

Le centre d’art lillois donne à voir les paysages, les lieux et les pratiques de la région.

Lille. Après une première série d’expositions inédites à l’automne 2019 qui avait montré la capacité de sa directrice, Anne Lacoste, à mobiliser nombre d’institutions, galeries et artistes à l’international, l’Institut pour la photographie, créé par la Région des Hauts-de-France et les Rencontre d’Arles, se concentre, pour cette nouvelle saison, sur la région et la question du territoire, que ce soit dans les sujets abordés ou par les structures culturelles régionales invitées à exposer.

Exceptée la Maison de la photographie à Lille qui a préféré se retirer dès le début de la création de l’établissement, tous les partenaires ont répondu présent. Des cartes blanches ont été ainsi données aux institutions locales amenées à présenter le photographe de leur choix, illustrant indirectement leurs propres actions. Ainsi, la galerie Destin sensible de Mons-en-Barœul montre le travail de Bertrand Meunier en résidence l’an dernier, qui livre une série d’images noir et blanc sobres et sensibles sur les habitants de la ville et de ses quartiers. « La ligne d’eau », le projet au long cours de Frédéric Cornu sur les paysages que traversera le Canal Seine-Nord développe de son côté une vision d’un classicisme tout aussi délicat. On peut aussi voir le travail d’Ilanit Illouz présenté par le Centre régional de la photographie de Douchy-les-Mines (CRP) ou celui de Serge Clément choisi par la Maison Diaphane, installée à Clermont-de-l’Oise.

La pluralité des regards

Le résultat de la commande passée par l’Institut pour la photographie à six photographes de l’agence internationale MAPS, installée à Bruxelles, élargit en outre les témoignages. À partir de données statistiques sur la situation des habitants des Hauts-de-France, chacun s’est emparé d’un sujet pour développer un récit, efficace tant par son contenu que par sa dimension universelle. La variété des approches donne un bon aperçu de la richesse des écritures documentaires actuelles, toutes générations et nationalités confondues.

L’intérêt porté par Elena Anosova à l’équipe mixte de football adapté de l’Amiens SC combine ainsi, dans une belle dynamique, images et paroles de ces joueurs de l’Esat de Poix-de-Picardie, structure d’accueil de travailleurs en situation de handicap. Les images de Matthieu Gafsou sur des fermiers ou communautés engagés dans une agriculture responsable sont toutes aussi originales et porteuses de fraternité. En revanche, les gares de la Somme, de l’Oise ou du Pas-de-Calais, photographiées par John Vink (voir ill.), se montrent sans fard, inéluctables victimes du déclin industriel de la région et de la politique ferroviaire.

La sélection autour du sujet « mascarades et carnavals » est également représentative de la diversité des points de vue. Les approches de Tonio Arias, Charles Fréger, Christina Garcia Rodero, Homer Sykes, ou encore celle de la cinéaste Marie Losier s’éloignent des images traditionnellement véhiculées sur ces grands rituels populaires. Il s’agit pour l’Institut pour la photographie de déplacer le regard, et ce, même sur un sujet qui semble aux antipodes, du moins à première vue, comme celui des 80 ans du Dictateur de Charlie Chaplin, exposition coproduite avec les Rencontres d’Arles. Les photographies prises durant le tournage par Dan James et les autres documents inédits sur la réalisation du film témoignent eux aussi d’un regard différent porté sur une époque.

En (quête),
jusqu’au 15 novembre, Institut pour la photographie, 11, rue de Thionville, 59 000 Lille.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°552 du 2 octobre 2020, avec le titre suivant : L’Institut pour la photographie s’ancre dans son territoire

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