La critique

L’expo Pierre Huyghe

Par Vincent Delaury · L'ŒIL

Le 17 octobre 2013 - 254 mots

Malgré tout le prestige de son auteur – « artiste majeur de la scène française et internationale », peut-on lire dans la brochure distribuée à l’entrée de l’exposition –, la rétrospective Pierre Huyghe à Beaubourg [jusqu’au 6 janvier 2014] se montre peu convaincante.

Qu’y voit-on ? Une succession de projets (films, sculptures, situations…) qui partent dans tous les sens, sans jamais former un tout cohérent où se manifesterait pleinement la pensée du plasticien. Le visiteur a constamment l’impression d’assister à la bande-annonce d’un film qui n’aurait pas de fin. Ce n’est pas que le parcours, s’inscrivant dans des salles en chantier, soit déplaisant en soi : le visiteur y croise des animaux vivants, découvre des pièces hybrides entre art et sciences, et peut même s’exercer à un jeu complètement inintéressant avec un plafonnier à éclairage interactif. En fait, c’est le genre d’exposition pour happy few où tout est montrable, puisqu’elle part du principe que la posture duchampienne de l’artiste dandy, forcément en retrait, l’emporte sur le savoir-faire. Mais, à ce jeu-là – jouer sur la frustration du visiteur, ruiner le concept d’exposition –, Huyghe trouve plus fort que lui. Dans l’idée percutante d’un créateur retors assumant le ratage d’une non-exposition revendiquée, Godard s’était montré bien plus radical en configurant une expo-jeu de massacre défiant un art d’aujourd’hui (arts plastiques, cinéma) trop facilement installé dans l’industrie et le divertissement : son « Voyage(s) en utopie » de 2006, à Beaubourg également, nous emmenait véritablement ailleurs. Avec Pierre Huyghe, on reste à quai. C’est bien dommage.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°662 du 1 novembre 2013, avec le titre suivant : L’expo Pierre Huyghe

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