Bruxelles (Belgique)

Les paysages d’âme de Sophie Whettnall

La Centrale - Jusqu’au 4 août 2019

Par Pauline Vidal · L'ŒIL

Le 21 mai 2019 - 309 mots

Pour sa première grande exposition monographique institutionnelle, Sophie Whettnall réussit à métamorphoser l’espace de la Centrale pourtant très contraignant.

Ne craignant ni la beauté ni l’émotion, cette artiste belge quadragénaire dessine un parcours en trois actes dans lequel le visiteur se trouve immergé, corps et âme réunis. Une installation vidéo plongée dans l’obscurité ouvre la visite. Portant sur leur tête de grands paniers, des femmes africaines sillonnent une route en direction du marché. « J’admire ces femmes, leur dignité… », confie Sophie Whettnall, qui, en filigrane, rend hommage aux femmes du monde entier, à la femme, celle qui porte et donne la vie. Dans la salle suivante, se déploie sous nos yeux hypnotisés par les jeux de textures et de lumière, un paysage immense, mystérieux, plein de poésie. Sous des cieux étoilés réalisés à partir de grandes feuilles d’aluminium percées d’une multitude de trous, on découvre des icebergs en mousse aux allures de marshmallows géants, puis on traverse une forêt composée de grands panneaux de bois perforés et ainsi transpercés par la lumière. La mise en résonance avec les œuvres d’Etel Adnan accrochées aux murs est très réussie. Invitée à dialoguer avec une artiste internationale, Sophie Whettnall a fait le choix de cette plasticienne et écrivaine libanaise, avec laquelle elle partage une certaine obsession pour le paysage et sa dimension cosmique. Les deux œuvres s’approfondissent mutuellement et nous entraînent dans leurs divagations existentielles. Le parcours s’achève dans une violence sourde, avec une vidéo (un triptyque) dans laquelle l’artiste se met en scène avec sa propre mère et sa fille, mimant les non-dits et les secrets qui irriguent toute relation intergénérationnelle. Pour sortir de l’exposition, il nous faudra revenir sur nos pas. C’est alors que, plus que jamais, le paysage de Whettnall nous enveloppe et nous aspire vers un infini, loin de nous-mêmes. Comme lorsque le calme revient, après une terrible tempête.

« Sophie Whettnall – Etel Adnan »,
La Centrale, place Sainte-Catherine 44, Bruxelles (Belgique), www.centrale.brussels

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°724 du 1 juin 2019, avec le titre suivant : Les paysages d’âme de Sophie Whettnall

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