Art Contemporain - On exagère un peu : parmi les nombreux animaux présentés à Landerneau, les loups sont rares.
On les aperçoit à peine, ici ou là, lors d’un goûter partagé avec Pilar Albarracín (She Wolf, 2006), en couple chez Mircea Cantor (Deeparture, 2005), ou encore dans leur incarnation mythique, avec La Louve de Rome allaitant Romulus et Remus (1585). Son cousin domestique, le chien, est beaucoup plus présent. Une véritable iconostase canine, au cœur de l’exposition, rend hommage à ce fidèle compagnon, autoproclamé « meilleur ami de l’homme ». Mais les bêtes sauvages ne sont pas pour autant absentes. Un lion, un coyote, un serpent, un scorpion surgissent çà et là. Toutefois, ce sont surtout les monstres qui attirent l’attention. Dans la section « Monstres et merveilles », les sculptures de Germaine Richier forment un bestiaire aussi inquiétant que fascinant. Dans une mise en scène spectaculaire, ces créatures hybrides conjuguent l’étrangeté et la beauté. Accroupie, prête à bondir, La Sauterelle (1955) tend ses pattes pour saisir sa proie. À ses côtés, La Mante (1946) ne paraît pas moins offensive. Ces insectes féminins incarnent-ils l’idée – fantasmée – d’une sexualité féminine dévoratrice ? C’est par le processus de l’hybridation que l’œuvre de Richier affirme toute sa singularité. Il ne s’agit pas de métamorphose, car ces accouplements étranges, parfois dérangeants, n’aboutissent jamais à une transformation définitive ni à une fusion lisse. Comment alors distinguer l’homme de l’animal ou ce qui permet de passer de l’un à l’autre, s’interroge le commissaire Christian Alandete. On ne peut ici résumer la richesse des pièces rassemblées à Landerneau… Cet intérêt pour l’animalité reflète le désir profond de prêter attention aux formes de vie dans ce qu’elles ont de mouvant, d’évolutif, telles qu’elles sont pensées aujourd’hui, de la philosophe Élisabeth de Fontenay à l’écrivain Jean-Christophe Bailly. On peut dès lors partager le vœu – utopique ? – de ce dernier : frôler, ne serait-ce qu’un instant, « une autre tenue, un autre élan, et tout simplement une autre modalité de l’être » (Le Parti pris des animaux, éd. Bourgeois, 2013).
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les loups sont entrés à Landerneau
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°788 du 1 septembre 2025, avec le titre suivant : Les loups sont entrés à Landerneau





