Les estampes maniéristes de Jacques de Bellange

Par Bertrand Dumas · L'ŒIL

Le 19 juin 2008 - 339 mots

Le « mystère Bellange » s’explique en partie par le peu d’œuvres de sa main qui ont pu être conservées.

Mais un tableau authentifié et environ quatre-vingts gravures et dessins répertoriés, dont un quart présenté actuellement au musée de Vic-sur-Seille, démontrent à eux seuls la magie du trait de Jacques de Bellange (avant 1575-1616).
Avant ses illustres compatriotes, lorrains comme lui, Callot, La Tour et Claude Gellée, Jacques de Bellange utilisait la technique moderne de l’eau-forte pour diffuser ses compositions. Elles connurent un succès immense de Paris à Cologne où résidait son premier interprète, le graveur Crispin de Passe.
La réhabilitation de Jacques de Bellange commence en 1841, avec la publication du catalogue raisonné de ses gravures. Pour la première fois depuis Sandrart (1675), la critique se fait élogieuse, voyant en Bellange un précurseur dont « les moyens, l’effet et la puissance » le comparent aux étoiles de la jeune « école romantique ».
C’était relever toute la poésie et l’audace du dessin de Jacques de Bellange qui trouve dans l’eau-forte sa plus noble expression. Ce procédé, qui permet de retoucher sa composition, permet à Bellange mille et une variations de la ligne. Elles révèlent la qualité des tailles : lignes esquissées, densité des hachures, modulations et pointillés qui forment un jeu éblouissant de contrastes de valeurs et de matières.
Les « bizarreries » de Bellange ont jadis fait passer son œuvre gravée comme excessivement profane, voire licencieuse. Vision d’autant plus erronée que Bellange ne s’écarte dans l’exposition qu’à deux reprises du thème religieux avec deux sujets mythologiques (Diane et Orion et La Mort de Porcie). Tout le reste est voué à la vie du Christ et des principaux saints, conformément aux attentes de l’église tridentine. Représentant d’un maniérisme tardif, Jacques de Bellange n’en est pas moins un artiste moderne qui s’inscrit pleinement dans le mouvement de la Contre-Réforme.

« Jacques de Bellange : la magie du trait », Musée départemental Georges de La Tour, 3, place Jeanne-d’Arc, 57630 Vic-sur-Seille, tél. 03 87 78 05 30, jusqu’au 31 août.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°604 du 1 juillet 2008, avec le titre suivant : Les estampes maniéristes de Jacques de Bellange

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