Lempert, le glaneur

L’adaptation des plantes ou des arbres à l’environnement humain et leur grande créativité comme celles du monde animal, l’attirent, le captivent. Son approche de la nature a été formée par huit années en biologie et par ses expérimentations cinématographiques menées au même moment au sein d’un collectif de jeunes cinéastes allemands. Il y a deux ans, l’exposition « Jardin d’hiver » de Jochen Lempert au Crédac, à Ivry-sur-Seine, avait autant marqué que charmé les esprits. Ses investigations photographiques de la nature prennent cette fois leurs quartiers à la Galerie de photographies du Centre Pompidou (accès gratuit). Si, comme de coutume, le photographe allemand a installé lui-même ses images et mélange les séries et les formats, la sélection menée avec les commissaires Florian Ebner et Julie Jones obéit au désir de ces derniers « de donner des pistes de lecture de l’œuvre depuis ses débuts. » Autrement dit depuis les premières photographies réalisées à la fin des années 1980 jusqu’à nos jours. Ce premier panorama en France ravit ! L’articulation en trois sections développe chronologiquement les trois grands axes récurrents du travail que sont l’étude des formes, la question de la lumière et celle de la perception. L’innocence, la poétique du regard comme son côté humble et simple font des merveilles. Une collection d’éponges trouvées dans un muséum lui inspire ainsi au début des années 1990 d’étonnantes tours d’éponges sculpturales qu’il photographie ou réserve pour des installations. Tout dernièrement, ce sont des traces de saut de petites grenouilles ou de vol de lucioles sur un papier sensible qui se jouent de nos perceptions pour former une série de constellations envoûtantes. Pour notre plus grand bien.