Le terrain de jeu de Lilian Bourgeat

Fidèle à son attachement à l’aspect ludique de ses œuvres, l’artiste propose aux spectateurs et spectatrices, au gré de leur promenade, une succession d’expériences interactives avec des objets surdimensionnés. On y trouve ainsi un gigantesque plot intitulé « icone » et transformé en banc devant le château qui abrite le centre d’art, une paire d’énormes bottes en caoutchouc dont les deux pieds sont droits, un tire-bouchon géant installé au centre d’une fontaine ou encore deux Caddies monumentaux. Ces objets hyperréalistes d’apparence séduisante sont privés de leur utilité par le changement d’échelle que l’artiste opère, nous invitant à reconsidérer notre rapport aux objets du quotidien et à la société de consommation, à repenser notre rapport au monde, en somme. Si Lilian Bourgeat trouble nos perceptions et met l’absurde au centre de son travail, c’est toujours avec humour, voire sarcasme, et souvent une pointe d’autodérision. En témoignent par exemple un niveau géant installé au sol et intitulé « La terre est plate », comme un pied de nez aux personnes qui adhèrent à cette pensée, ou encore « Hommage à la peinture ». Cette œuvre se compose de quatre chaises pliantes de repos monumentales, installées en cercle, et dont les tissus reprennent les motifs propres à chacun des artistes du groupe BMPT. Lilian Bourgeat suggère une conversation tout en « mettant à la retraite » ces quatre artistes – Buren, Mosset, Parmentier, Toroni –, qui ont constitué un groupe qui, bien que sa durée de vie ait été très courte, a durablement marqué la peinture des années 1960.