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Le sulfureux Oscar Wilde

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 25 octobre 2016 - 414 mots

Au Petit Palais, une belle scénographie et de rares documents retracent la vie de l’impertinent dandy.

PARIS - « La France m’a traité, et ma réputation de même, avec beaucoup de gentillesse », écrit Oscar Wilde (1854-1900) à Eliza Stannard le 28 mai 1897. Il vient de s’exiler du Royaume-Uni après deux ans de travaux forcés pour « actes obscènes ». Cette lettre, conservée au Trinity College de Dublin, figure comme d’autres autographes à l’exposition « Oscar Wilde, l’impertinent absolu » au Petit Palais. « Nous avons compris, au moment où nous la réalisions, les difficultés de cette exposition et pourquoi elle n’avait pas eu lieu jusqu’à présent, raconte Christophe Leribault, directeur du musée.

Tous les biens d’Oscar Wilde ont été dispersés lorsqu’il a perdu son procès, si bien qu’il a fallu aller chercher chaque pièce avec beaucoup de patience. » Mission accomplie par Merlin Holland, petit-fils de l’écrivain qui œuvre depuis trente ans à conserver sa mémoire et qui a prêté une trentaine de documents, et par Dominique Morel, conservateur en chef au Petit Palais. C’est le collectionneur turc Ömer Koç qui a lancé l’idée de l’exposition, mais aussi participé à son financement et prêté une vingtaine d’objets parmi les presque 200 exposés.

En sept salles mises en scène par Philippe Pumain, le parcours chronologique décrit une vie qui fut une œuvre d’art, de la jeunesse éclatante aux années fécondes, et du lynchage moral à la mort. Dans la première pièce tendue de bleu figure le prophétique saint Sébastien de Guido Reni, dont la beauté a frappé le jeune Wilde lors d’un voyage à Gênes en 1877. Le magistral portrait d’Ellen Terry en lady Macbeth (1889) qu’il a vu chez John Singer Sargent, son voisin à Londres, rappelle qu’il a, dès ses débuts, l’idée d’approcher les grandes actrices : séduites par son esprit, elles contribueront à sa notoriété. Son activité de critique d’art donne lieu à une évocation de la Grovesnor Gallery de Londres, sur laquelle il écrivit en 1877. Au mur, ses commentaires accompagnent les œuvres qu’il a aimées ou critiquées. Tout au long de l’exposition, ses citations comme ses portraits rythment le parcours. Dans la salle consacrée à « La conquête de l’Amérique », sont présentées ses célèbres photos par Napoleon Sarony, tandis que, dans celle consacrée à ses séjours à Paris, on le retrouve de dos sur La Danse mauresque (1895) de Toulouse-Lautrec. La dernière salle conclut de manière glaçante le parcours avec la carte de visite injurieuse du  marquis de Queensberry accusant Wilde de pervetir son fils. Le jour où sa vie a basculé.

Oscar Wilde l’impertinent absolu

jusqu’au 15 janvier, Petit-Palais, avenue Winston Churchill, 75008 Paris, tél. 01 53 43 40 00, www.petitpalais.paris.fr, tlj sauf lundi 10h-18h, vendredi 10h-21h, entrée 9,50 €. Catalogue Paris Musées, 39,90 €.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°466 du 28 octobre 2016, avec le titre suivant : Le sulfureux Oscar Wilde

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