À un an de l’ouverture de son nouveau bâtiment, le Musée départemental Albert-Kahn offre à la Cité de l’architecture et du patrimoine une vision sans précédent de sa collection d’autochromes et de films sur Paris réalisés entre 1910 et 1937.
Le portrait de la ville qu’ils dressent reflète l’intérêt du banquier et philanthrope Albert Kahn (1860-1940), à l’origine de ces archives, pour le patrimoine, la vie urbaine et les grands chantiers de la ceinture de la capitale. Ces sujets forment les grands axes de l’inventaire jusqu’à l’année de l’Exposition universelle, en 1937. Le parcours les développe les uns après les autres, dans une belle articulation mettant en dialogue extraits de films inédits sur la capitale et autochromes retirés en grand format et présentés dans des caissons lumineux. L’un et l’autre se complètent. Aux images évidées des abords du Moulin Rouge ou de la place de l’Opéra répondent la circulation soutenue de voitures, les fêtes populaires et des berges de la Seine peuplées de péniches, de matelassiers et de charbonniers. Les rues ou les cours d’immeubles témoignent des petits métiers et des commerces de la capitale, mais aussi du dénuement d’une grande partie de sa population. Les démolitions des fortifications qui ceinturaient Paris donnent lieu quant à elles à des images spectaculaires de chantiers et d’une périphérie où se juxtaposent derniers jardins ouvriers, no man’s land, taudis et premières constructions bon marché. L’actualité n’est pas de mise dans ces archives, ni l’avant-garde architecturale ou artistique. Ces images ont pour mission première d’être projetées lors des soirées privées organisées dans la propriété d’Albert Kahn à Boulogne-Billancourt ou de servir de documentation aux conférences organisées sur l’urgence de régler la situation sanitaire de certains quartiers de Paris.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°739 du 1 décembre 2020, avec le titre suivant : Le Paris méconnu des collections Albert Kahn
