Le Liban, des Phéniciens à Feirouz

L'ŒIL

Le 1 novembre 1998 - 318 mots

Dans l’aire culturelle méditerranéenne, il existe un pays qui ne cesse de nous fasciner malgré ses souffrances infinies, un pays autrefois vanté par les écrivains-voyageurs – Nerval, Flaubert, Chateaubriand – pour sa douceur de vivre et pour l’hétérogénéité des cultures que l’on pouvait y rencontrer. Ce pays, c’est le Liban.

Mais ce Liban exotique est un rêve issu de l’orientalisme, création de l’imaginaire occidental qui permettait de construire un discours de domination et d’autorité sur un Orient considéré comme une sorte de double négatif incarnant nos craintes – la sensualité orientale, le fanatisme religieux – et établissant notre supériorité – la science, la rationalité.

Intituler une exposition « Liban, l’autre rive » permet de déjouer cette vision hégémonique sans pour autant nier son existence historique. « L’autre rive » indique donc un territoire nouveau que nous sommes invités à découvrir en près de quatre cents objets. De salles en salles, le visiteur est plongé dans un système culturel divisé entre les communautés tolérantes et sociables des plaines et celles des montagnes, à la culture régie par un système patriarcal séculaire. Les Phéniciens, les Perses, les Grecs, les Romains, les conquérants omeyades, les Francs, les Mamelouks d’Égypte imprimeront leurs marques sur ces communautés aux confessions multiples.

Au fil de la visite, on constate que le Liban a toujours été la caisse de résonance de toute les contradictions qui traversent le Moyen-Orient. Les cultures que l’on découvre incarnent donc au plus haut point la capacité de ces communautés à intégrer les situations données, fussent-elles contraignantes.

Pour ceux qui, au sortir de cette exposition, en douteraient, nous leur conseillons de découvrir la saison libanaise qui, outre son souk de 850 m2, présente une riche programmation cinématographique et musicale de la création contemporaine. L’intense émotion que l’on ressent à l’écoute des chants de Feirouz ne mérite-t-elle pas aussi le déplacement ?

Institut du monde arabe, jusqu’au 30 avril, cat. éd. Flammarion, 320 p., 275 ill., 275 F.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°501 du 1 novembre 1998, avec le titre suivant : Le Liban, des Phéniciens à Feirouz

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