Art contemporain

Londres (Royaume-Uni)

Le jardin des merveilles de Paula Rego

National Gallery – Jusqu’au 29 octobre 2023

Par Itzhak Goldberg · L'ŒIL

Le 26 septembre 2023 - 341 mots

Énigmatique  - Paula Rego (1935-2022) pardon Dame Paula Rego – puisqu’elle a été anoblie par la reine d’Angleterre - n’est pas une totale inconnue en France.

Elle a bénéficié d’une belle exposition en 2018 au Musée de l’Orangerie. Qui plus est, une salle entière lui a été consacrée lors de la dernière Biennale de Venise. Rien d’étonnant, puisque cette plasticienne née à Lisbonne reste indiscutablement l’une des artistes figuratives les plus importantes de la seconde moitié du XXe siècle. Une artiste, et non pas une artiste femme, car il est temps de mettre un terme à cette distinction futile. Après avoir effectué ses études artistiques en Grande-Bretagne, elle participe aux côtés de Francis Bacon et Lucian Freud à ce que l’on appelle l’école de Londres. Et pratique une figuration brutale et agressive, composant des scènes inquiétantes, des contes cruels macabres. L’œuvre présentée ici est, en apparence, différente. Ses origines remontent à 1990, année où Rego a été invitée à devenir la première artiste associée de la National Gallery. Entre 1991 et 1996, alors en résidence, elle réalise une série de grandes peintures inspirées du tableau du peintre italien de la Renaissance Carlo Crivelli (1430/35-1494/95), connu sous le nom de « Crivelli’s Garden ». Cette série, accompagnée de ses dessins préparatoires, est présentée pour la première fois au public. Mais, en réalité, c’est la prédelle, cet ensemble de petits panneaux dont l’iconographie est en relation avec le sujet principal du retable de Crivelli, qui est transformée par Rego. Les personnages qu’elle introduit sont presque exclusivement des femmes. Les modèles sont souvent des salariées du musée, ce qui contraste avec les figures élégantes du peintre italien. Progressivement, le spectateur se rend compte que le choix de ces héroïnes - Sainte Catherine ou Dalila - est lié à leur refus de s’accommoder à la domination masculine. En d’autres termes, comme dans l’ensemble de l’univers énigmatique de Paula Rego, le pouvoir a clairement changé de mains. Notons que la Galerie Lelong propose à Paris à partir du 13 octobre une vingtaine de travaux sur papier de l’artiste portugaise.

« Paula Rego, Crivelli’s Garden »,
jusqu’au 29 octobre, National Gallery, Londres, www.nationalgallery.org.uk
« Paula Rego, Drawing Breath »,
13 octobre – 18 novembre, Galerie Lelong, Paris Paris, www.galerie-lelong.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°768 du 1 octobre 2023, avec le titre suivant : Le jardin des merveilles de Paula Rego

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