Le dessin à main levée, un activateur de pensée

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 26 janvier 2011 - 338 mots

L’exposition du centre d’architecture Arc en rêve, à Bordeaux, met notamment l’accent sur le dessin, « une pratique permanente » chez les frères Bouroullec.

D’un côté, il y a les esquisses se rapportant à un projet, de l’autre, des dessins dits « abstraits » (« Faute d’avoir trouvé un terme plus adéquat », dixit Erwan). Ces derniers ne sont donc pas liés à une commande précise, mais témoignent de « ce besoin de dessiner pour activer la pensée ». D’où, parfois, les formes très inattendues qui résultent de l’exercice. 

« Comme une forme de romantisme »
Le dessin est davantage « propice à une forme de rêverie que peut l’être l’ordinateur ». Défaut de l’outil numérique : être un processus trop coupé d’un certain nombre de sens traditionnels, comme le toucher par exemple. « Aujourd’hui, avec l’ordinateur, nous sommes dans l’hyperdescription et non plus dans la traduction d’une sensibilité. L’ordinateur ne supporte pas le vide, aucune information ne doit manquer. Bref, tout est un tout petit peu trop précis. » Au contraire, le dessin à main levée, lui, est « une instance archaïque, le réceptacle de tensions normales entre la pensée d’un projet et sa réalité ». Il est un outil parallèle de la pensée : « Lorsque l’on réfléchit en permanence, les idées s’écrasent, le dessin est donc une transcription automatique qui permet de ne pas oublier. » Le dessin est « un doux cocon duquel il est difficile de s’extirper. Il y a comme une forme de romantisme dans le dessin ». Mais c’est aussi un instant frontière : « On a souvent du mal à arrêter le processus de recherche, parce qu’on a l’impression de ne pas avoir atteint l’absolu, mais on n’a pas le choix. À un moment donné, il nous faut bien vérifier les hypothèses qui sont dans ledit dessin. » Même si cet instant clé est souvent mal vécu : « C’est une expression de la disparition de l’état candide, le moment d’accepter une réalité qui, fatalement, va être plus triviale… »

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°632 du 1 février 2011, avec le titre suivant : Le dessin à main levée, un activateur de pensée

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