Le décor du Japon au fil des siècles

Par Laure Meyer · L'ŒIL

Le 1 avril 2003 - 334 mots

Des lignes sobres déployées dans un espace limpide, des formes stylisées, une nature restée proche, le tout servi par des matières nobles, tels sont les caractères des créations du Japon traditionnel. Une même recherche d’élégance anime les formes, toute barrière étant abolie entre peinture et arts appliqués. Pour le prouver, le British Museum a choisi, dans ses collections et dans celles des plus grands musées japonais et américains, deux cents objets montrant comment, à chaque époque, ces tendances décoratives se sont diversement manifestées. Dès le XVe siècle, l’influence chinoise s’avère puissante, art des Song et du bouddhisme zen. Mais l’importance croissante de la cour favorise l’apparition d’un cadre de vie grandiose pour l’élite militaire émergeante des daimyo.
Les peintres de l’école de Kano déploient leurs talents sur les murs, les artisans créent des costumes fastueux et une précieuse vaisselle de table aux couleurs vives.
Ce commerce en plein essor favorise l’émergence à Kyoto d’une classe de riches marchands qui choisissent pour leurs demeures l’élégance sereine d’un décor moins tapageur. Il s’étale sur les fonds d’or des paravents peints où se décline un long poème. Ogta Korin et bien d’autres s’y livrent à une audacieuse recherche de stylisation, arbres, fleurs et animaux ondulent dans l’espace. On rivalise également de raffinement pour les objets de la vie quotidienne, les laques sont parmi les plus remarquables jamais produites et les porcelaines s’exportent bien. Pour les jeunes beautés de la période Edo, les cosmétiques vendus dans de précieuses petites boîtes en laque répondent aux soieries des vêtements. Parallèlement, les estampes de l’ukiyoe « monde flottant » banalisent l’existence des nombreuses maisons de plaisir et des théâtres kabuki et nô où les acteurs se mêlent aux courtisanes. D’autres feuilles rappellent des fêtes plus populaires, les chars de carnaval qui donnent à toutes les classes une occasion de s’encanailler. Partout se fait sentir un effort pour remplacer un quotidien banal par l’attrait passager d’un monde extraordinaire.

LONDRES, British Museum, Great Russell St, tél. 76 36 15 55, 5 février-13 avril.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°546 du 1 avril 2003, avec le titre suivant : Le décor du Japon au fil des siècles

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