Le cliché du portrait des pionniers de la photo

Sur le mode de la leçon d’histoire, le musée d’Orsay rend compte de la manière dont les pionniers du genre envisagèrent le portrait photographique. Portraits de famille ou officiels, portraits scientifiques, mondains ou esthétiques, clichés conformes ou rehaussant le modèle, représentation ou interprétation, les questions se succèdent. Elles posent les métamorphoses du genre comme une possible lecture de la première histoire des usages, de la stylistique et des techniques de la photographie. Autonomie ou obéissance aux codes picturaux, la discussion s’ouvre à la naissance du médium et perdure à la veille de la grande guerre. Le genre du portrait n’y échappe pas.
Les débuts, contraints par la lenteur de la pause et de l’unicité du tirage, produisent des images encore peu codifiées, comme en témoignent les daguerréotypes du couple Schumann, de Victor
Hugo ou d’Alexandre Dumas.
Il faut attendre le négatif verre à la fin des années 1850 pour hâter les possibilités de diffusion et voir s’exprimer le portrait photographique. La question du sujet et de la manière d’en incarner la psychologie se renouvelle, à mesure que les dispositifs se simplifient, que le portrait gagne en possibilités expressives.
Le parcours égrène quelques-unes des figures bohèmes captées par Nadar saisies au plus près de leur personnage. Il comporte des clichés de peintres, savants ou écrivains exécutés par Julia Margaret Cameron dans les années 1860 et 1870.
Lentement, la pratique du portrait gagne de nouveaux registres. Miroir sociologique, témoignage intime et subjectif, loisir de masse, elle s’épanouit avec l’irruption décisive dans les années 1890 de l’appareil instantané. Et l’exposition de se clore, avec le portrait de Man Ray par Stieglitz.