Le charme de Charmy

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 16 décembre 2008 - 261 mots

Programmer la rétrospective d’une artiste totalement ignorée des historiens de l’art du XXe siècle est un pari risqué.

Le tout jeune musée de Villefranche-sur-Saône, ouvert en 2001, relève brillamment le défi. Il rend un hommage réussi à une femme peintre qui côtoya, entre autres, Derain, Matisse, Marquet, Rouault, et qui fut proche de Colette ou de Mac Orlan.
Émilie Charmy (1878-1974) crève les cimaises, comme on dit d’une actrice qu’elle crève l’écran. « Ignorer Charmy, la découvrir brusquement dans vingt toiles qui dispersent et collent au mur les couleurs, la substance magnifique des fleurs, de la chair vivante, de l’eau mobile, on en reçoit le choc, l’anxieux plaisir qui accompagne une rencontre amoureuse. » (Colette)
Avec une surprenante audace, l’artiste se joue de la matière picturale, tantôt fluide, tantôt épaisse. Prenant sa toile à bras le corps, elle inscrit avec tendresse ou violence, mais toujours avec une incroyable liberté, sa sensualité à fleur de peau face à ce qui l’émeut ou la trouble. Nul interdit, aucun esprit de système, Émilie Charmy, face à la toile vierge, aborde son sujet avec une désarmante fraîcheur jamais démentie.
Parcourant les salles thématiques : portraits, nus, natures mortes, paysages, le tout judicieusement mis en scène, trois mots viennent à l’esprit : liberté, vivacité, dextérité. Il est réjouissant de redécouvrir un peintre qui sut construire une œuvre sans aucune autre loi que celle qui s’impose au fur et à mesure que le tableau s’élabore.

A voir

« Emilie Charmy, une destinée de peintre », musée Paul Dini, 2, place Flaubert, Villefranche-sur-Saône (69), www.musee-paul-dini.com, jusqu’au 15 février 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°609 du 1 janvier 2009, avec le titre suivant : Le charme de Charmy

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