Nice, Vallauris et Biot (06)

L’artiste moderne éternel exilé

Musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes - Jusqu’au 8 octobre 2012

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 7 août 2012 - 353 mots

Qu’il soit imposé ou volontaire, l’exil constitue une expérience commune à de nombreux artistes du XXe siècle ; une étape souvent fondamentale dans l’évolution de leur style.

Consacrés à trois maîtres ayant connu le statut d’expatrié, Chagall, Picasso et Léger, les Musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes sondent dans une exposition collective les conséquences plastiques de l’exil chez les artistes modernes. Conçue en deux volets, complétés par une installation contemporaine de Melik Ohanian, l’exposition analyse deux attitudes, a priori contradictoires mais parfois complémentaires, du déraciné : l’entretien du souvenir de la terre natale et l’ouverture à l’influence que celui-ci trouve dans son pays d’adoption.

Tout en émotion, le premier volet de l’exposition, au Musée Chagall, présente les différents visages de la réminiscence de la patrie. Le spectre de la terre des ancêtres peut ainsi se manifester dans la présence de motifs emblématiques, comme les thèmes russes chez Chagall ou l’évocation récurrente de l’Espagne chez Picasso. Le souvenir peut aussi se traduire dans la volonté de représenter ce que l’exilé a concrètement connu avant un déracinement douloureux, tel Hélion retournant à la figuration pour retrouver l’image des choses qui lui ont terriblement manqué durant sa période de captivité, comme les fleurs, les femmes et plus prosaïquement de belles baguettes de pain !

Moins nostalgique, le deuxième chapitre de l’exposition, à Biot, s’attache à démontrer la force de l’influence puisée dans l’expatriation. À la manière de Fernand Léger, qui découvre de nouvelles sources d’inspiration aux États-Unis, où la démesure des villes et leur caractère  dynamique ont un impact crucial sur l’évolution de son travail. Jamais littérale dans sa démonstration, mais tout en subtilité et en découvertes, l’exposition rassemble autour de cette problématique vingt-cinq artistes et dessine en creux le destin singulier d’hommes et de femmes ayant parfois su conjurer par la création les cruels aléas de l’histoire moderne.

« Exils, réminiscences », Musée national Marc Chagall, Avenue du Docteur-Ménard, Nice (06).

« Exils, nouveaux mondes », Musée national Fernand-Léger, Chemin du Val-de-Pome, Biot (06).

« Exils, Melik Ohanian », Musée national Pablo-Picasso, la Guerre et la Paix, place de la Libération, Vallauris (06). www.musees-nationaux-alpesmaritimes.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°649 du 1 septembre 2012, avec le titre suivant : L’artiste moderne éternel exilé

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