L’art du trompe-l’œil

De ces nouvelles terres Noémie Goudal fait émerger des décors envoûtants de forêts humides. Sa première monographie au Bal avait déjà révélé en 2016 son talent à réinterpréter des formations de reliefs ou des intérieurs de bâtiments abandonnés, reconfigurés dans un étonnant jeu de déconstructions, reconstructions et télescopages de formes. L’invitation faite par Sophie Legrandjacques d’investir les espaces du Grand Café offre, aujourd’hui, une deuxième exposition marquante. L’intérêt pour les sciences et la passion de l’artiste pour le décor et l’illusion donnent naissance à un nouveau corpus d’œuvres où l’art du trompe-l’œil se fait cette fois métaphore des bouleversements induits par le changement climatique et la dérive des continents. Imaginée à partir de travaux de climatologues ou de botanistes, photographies, vidéos et installations déploient une imagerie dont l’artiste ne cache, comme à son habitude, ni la construction ni les artifices utilisés pour aboutir à ces représentations. La vidéo Inhale Exhale plonge ainsi le visiteur dans un paysage de marais marqué par un plan d’eau d’où émergent et disparaissent, en alternance, deux décors reproduisant ce même paysage, avec en fond sonore un chant d’oiseau. Le système de poulies qui actionne cette descente ou remontée de décors est visible, et le grincement de ses rouages, provoqués par son activation, s’inscrit dans la bande-son. Ailleurs dans le centre d’art, ce sont des photographies de palmiers, en grand format, découpées au préalable en bandes de papier avant d’être reformées sous forme d’immenses collages photographiés, qui constituent d’autres mises en abymes captivantes.