Art moderne

Paris-18e

L’alphabet plastique d’Auguste Herbin

Musée de Montmartre – Jusqu’au 15 septembre 2024

Par Itzhak Goldberg · L'ŒIL

Le 22 avril 2024 - 290 mots

Abstraction  - Un « maître révélé », Auguste Herbin ? L’expression est sans doute exagérée pour ce peintre (1882-1960) qui n’a jamais vraiment disparu des radars de l’histoire de l’art.

Mais l’intérêt principal de cette exposition est la mise en valeur de périodes méconnues de l’artiste. En effet, ce sont souvent les mêmes toiles, réalisées pendant et après la guerre, auxquelles le public a droit. Ces œuvres, qui relèvent de l’abstraction géométrique radicale, sont présentes ici en fin de parcours. Avant d’y accéder, on découvre aussi les travaux d’un peintre qui a participé, sans en être nécessairement l’inventeur, à plusieurs mouvements d’avant-garde durant les premières décennies du XXe siècle. À l’entrée de l’exposition, un très beau paysage nocturne plonge le visiteur dans une atmosphère mystérieuse, avec une veine symbolique. Suivent quelques travaux impressionnistes, puis une section fauve avec deux portraits remarquables, réalisées en 1907, celui de l’écrivain Erich Mühsam et un Portrait de jeune fille. Cependant, c’est avant tout le cubisme qui marque Herbin. Si au début, l’influence de Cézanne, surtout dans les natures mortes, est évidente, rapidement, les objets disparaissent, laissant place à des compositions de formes purement géométriques, aux couleurs éclatantes. Puis, Auguste Herbin traverse le « retour à l’ordre », cette forme de néoclassicisme, avec d’étranges paysages urbains, des structures monumentales qui semblent figées définitivement. Quelques années plus tard, l’artiste développe une théorie qui aboutit à son célèbre « alphabet plastique », une énième tentative d’établir des correspondances entre formes, couleurs et sonorités. Désormais, sa production picturale est parfois prisonnière de ce système un peu schématique. Il n’en reste pas moins que cette approche esthétique de celui qui est l’un des fondateurs, en 1931, du groupe Abstraction-Création, attire la jeune génération d’après-guerre. Herbin, admiré par Vasarely, serait-il ainsi un pionnier de l’op art ?

« Auguste Herbin, le maître révélé »,
Musée de Montmartre, 12 rue Cortot, Paris-18e.

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°775 du 1 mai 2024, avec le titre suivant : L’alphabet plastique d’Auguste Herbin

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque