Art non occidental

Genève (Suisse)

L’Afrique en extase

Musée d’ethnographie de Genève (MEG) - Jusqu’au 6 janvier 2019

Par Marie Zawisza · L'ŒIL

Le 27 juin 2018 - 380 mots

Donner à voir, à comprendre, à ressentir l’extrême exaltation de la foi en Afrique : c’est le propos de l’exposition du Musée d’ethnographie de Genève.

De fait, les religions africaines restent mal connues, victimes des vestiges d’un certain préjugé colonial, qui les assimile à des croyances païennes. Une difficulté d’appréhension qui s’explique aussi par le choc que provoquent parfois chez les Occidentaux la puissance des transes religieuses, et les sacrifices animaux. À travers objets rituels et œuvres d’artistes contemporains, le parcours de l’exposition invite à la découverte et à la rencontre. La première œuvre (une photographie du Sud-Africain Mohau Modisakeng, Metamorphosis7, où le photographe se met en scène exhalant le souffle primordial) ouvre avec délicatesse à la méditation. Mais très vite, le visiteur est confronté à la force des émotions qui traversent les croyants d’Afrique pendant leurs rites et prières, à travers une vidéo de l’artiste Theo Eshetu : on y est témoin notamment de la transe d’une jeune fille possédée par un esprit malin à l’occasion d’un pèlerinage en Éthiopie, sur la tête de laquelle un prêtre impose une croix pour la libérer de l’emprise du mal. Le ton est donné : la vie apparaît comme le lieu du combat entre le bien et le mal. Cette lutte se manifeste tout au long de l’exposition, dans une recherche de l’extase religieuse et d’une communion toujours plus forte avec le divin. Elle s’ouvre sur une présentation des monothéismes, dont l’installation en Afrique est ancienne, mais qui se caractérisent par leur étonnante vitalité. Ils n’ont pas éclipsé cependant les religions traditionnelles, liées à la divination et au culte des ancêtres, dont il faut s’assurer la protection et le soutien. Une section est ensuite consacrée aux cultes de possession et aux transes – le « vaudou » béninois étant sans doute la seule religion africaine autochtone connue du grand public. Le parcours s’achève sur une évocation de l’univers magico-religieux en Afrique, qui ne se limite pas aux monothéismes, aux ancêtres et aux cultes de possession, mais pénètre la vie de l’individu au quotidien. Car les religions n’apparaissent pas au fil de l’exposition dans leur dimension politique ou institutionnelle, mais dans le vécu des fidèles. On sort du musée… en transe !
 

« Afrique, les religions de l’extase »,
Meg, boulevard Carl-Vogt 65, Genève (Suisse), www.meg-geneve.ch

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : L’Afrique en extase

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