Art contemporain

L’Afrique, continent mosaïque

Par Stéphane Renault · Le Journal des Arts

Le 10 mai 2017 - 448 mots

Toutes les facettes du monde africain, de l’énergie de sa jeunesse aux drames liés aux conflits et famines, sont déployées à la Villette, dans une exposition hétérogène, expressive, bruyante… vivante.

PARIS - L’Afrique est sous le feu des projecteurs. Développement économique, puissance démographique, regain d’intérêt pour les cultures ancestrales et contemporaines de ses pays, le continent attire tous les regards. L’Occident, en particulier l’Europe, semble redécouvrir la richesse de sa création, l’énergie de sa jeunesse, sans occulter les difficultés auxquelles sont confrontés les peuples africains, et dont se font l’écho les artistes. Est ainsi au cœur des préoccupations le sort réservé aux migrants fuyant les conflits, la pauvreté, la faim, les effets du réchauffement climatique. Dans ce volet parisien présenté à la Villette, qu’accompagne l’exposition de Lille à la gare Saint-Sauveur, c’est un peu de tout cela dont il est question. L’Afrique dans sa diversité, joies et douleurs, fantaisie et questionnements, couleurs vives et drames humains. Une vaste mosaïque, un ensemble disparate, des œuvres tantôt enthousiasmantes, tantôt plus anecdotiques. Difficile – impossible – de résumer un continent en si peu d’espace, sous la forme d’une capitale imaginaire habitée de multiples communautés. Le projet donne ainsi à voir une sélection, parmi laquelle figurent aussi bien les « Falling Houses » du Camerounais Pascale Marthine Tayou, maisons suspendues en référence au roman Things Fall Apart (1958) de Chinua Achebe, qu’une bouleversante installation vidéo de Leïla Alaoui, photographe décédée lors de l’attentat de Ouagadougou en 2016. Crossings (2013) superpose images du désert, routes, eaux de la Méditerranée, portraits et voix d’hommes et de femmes d’Afrique subsaharienne ayant fui la guerre et la misère. Un propos politique fort, à la frontière de l’art et du reportage.

Au fil du parcours, le visiteur découvre les grandes toiles de Ouattara Watts, peintre ivoirien, ancien étudiant aux Beaux-Arts de Paris, parti s’installer à New York sur les conseils de Jean-Michel Basquiat. Le Congolais (RDC) Pume-Bylex amuse avec sa série d’étonnantes sculptures, dont cette « vitrine comin d’arthèse », invitant à « venir voir l’art qui étale des thèses ! ». Les vidéos de Samson Kambalu (Malawi) sur les Champs-Élysées, dans les rues de Londres, en train de monter nu un escalier ou de poser devant la statue de Lincoln à Washington, cohabitent avec une sculpture monumentale faite de sacs en plastique, suspendue comme un nuage, Un rêve (2016), de l’Égyptien Nabil Boutros. Dans Camus Illuminated, Joseph Kosuth décline des mots tirés de L’Étranger en français, en arabe et en anglais. Apothéose, l’installation vidéo en 8 panneaux More Sweetly Play The Dance (2015), folle danse macabre en musique, procession de squelettes, cortège de malades, oiseaux, visages, danseurs, précédés d’une tonitruante fanfare. Fabuleux spectacle, rappelant si besoin était l’extraordinaire artiste qu’est le Sud-Africain William Kentridge. Tout un univers.

Afriques capitales

Jusqu’au 28 mai, Grande Halle de la Villette, 211, av. Jean-Jaurès, 75019 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°479 du 12 mai 2017, avec le titre suivant : L’Afrique, continent mosaïque

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