L’abstraction poétique de Léon Tutundjian

Par Anouchka Roggeman · L'ŒIL

Le 6 août 2007 - 337 mots

Artiste arménien autodidacte, Léon Tutundjian arrive à Paris en 1924, à l’âge de dix-neuf ans. Formé par l’artiste Ervand Kotchar, il réalise d’abord des collages abstraits d’une rare élégance. Cherchant sans cesse à exprimer l’homme global dans son rapport au monde, remettant sans cesse son art et son approche en question, l’artiste va explorer dans les années 1920 différentes formes de l’art abstrait. À travers ses « reliefs », des superpositions de formes sphériques et rectangulaires qui ressemblent à des surfaces lunaires, il est l’un des précurseurs de l’abstraction cosmique.
Tutundjian est aussi celui qui inventa l’abstraction biomorphe. En 1927, il réalise des peintures représentant des formes embryonnaires, des « compositions cellulaires » qui flottent dans l’espace. Innovantes, poétiques et épurées, les œuvres de Tutundjian oscillent entre abstraction géométrique et surréalisme, deux courants très opposés à l’époque. Bien que membre fondateur du mouvement d’Art concret avec Jean Hélion notamment, puis adhérent au groupe Abstraction-Création, l’artiste ne profitera jamais de la notoriété de ce mouvement. Considéré comme un marginal par les artistes de l’abstraction géométrique, mais aussi par les artistes du surréalisme, Tutundjian travaillera toujours à rebours des courants de son temps, sans jamais cesser d’explorer et d’inventer de nouvelles formes artistiques.
Dans les années 1930, influencé par Dali, il réalise des œuvres surréalistes et figuratives, puis il revient vers l’abstraction dans les années 1960. Les quarante œuvres présentées à la galerie Le Minotaure sont datées de 1925 à 1930, la période la plus riche de l’artiste. Elles rendent hommage à cet artiste qui, y compris dans son pays, n’a jamais reçu les honneurs qu’il méritait. « Tutundjian est un artiste à part, un véritable ovni en son temps. Il a été un levier qui a permis de sortir du cubisme et du purisme, en ouvrant la voie à des voies totalement nouvelles » explique Benoît Sapiro, propriétaire de la galerie.

« Léon Tutundjian, Abstraction 1925-1930 », galerie Le Minotaure, 2, rue des Beaux-Arts, Paris VIe, du 1er février au 10 mars 2007, tél. 01 43 54 62 93.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°588 du 1 février 2007, avec le titre suivant : L’abstraction poétique de Léon Tutundjian

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