La tête dans les étoiles

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 8 octobre 1999 - 533 mots

PARIS

Depuis de nombreuses années, le passage à l’an 2000 fait l’objet d’un vaste fantasme, entre rêve et science-fiction, entre vision imaginaire d’un avenir terrestre et espoir d’une exploration spatiale. La Fondation Cartier pour l’art contemporain nous offre, jusqu’au 14 novembre, une approche fragmentaire et fragmentée de la question, traitée au prisme de quelques personnalités du monde des arts et des sciences.

PARIS. Rêve ou réalité ? “1 Monde Réel” nous conduit à la lisière de deux mondes, franchissant parfois allègrement les frontières de la (science-)fiction. Cette ambiguïté est notamment mise en exergue par le film d’Andrei Ujica, Out of the present, gravé sur un DVD-Rom distribué avec le catalogue de l’exposition, une première à notre connaissance. Ce film grandiose nous permet de suivre l’épopée d’Anatoli Arzebarski et de Sergei Krikalev, tous deux envoyés dans la station orbitale Mir en 1991. Au-delà des images exceptionnelles de l’espace capturées par la caméra 35 mm, ce long métrage saisit également la symbolique du passage entre deux mondes, puisque les cosmonautes sont partis d’URSS pour revenir en Russie. Mais retournons dans l’espace. Chris Burden nous propose son Scale Model of the Solar System (modèle réduit du système solaire), qui nous permet d’appréhender les distances entre les différentes planètes de notre galaxie. Ainsi, l’immeuble de Jean Nouvel accueille le Soleil, une sphère d’un diamètre de 33 cm. Mercure, Vénus et la Terre sont également dans le bâtiment, notre planète étant située à 35,9 m de l’étoile. Suivent ensuite Mars (dans le jardin de la Fondation), Jupiter (4 passage d’Enfer), Saturne (au café Le Raspail Vert, 232 boulevard Raspail), Uranus (au Cosmos Café, 101 boulevard du Montparnasse), Neptune (au Théâtre de l’Alliance française, 101 boulevard Raspail). Pluton est à 1,7 km du Soleil, dans la Librairie Hatier, 59 boulevard Raspail.

Une exceptionnelle collection de robots
À côté de cette promenade “urbano-spatiale”, les Américains Diller & Scofidio ont mis en scène un étrange ballet mécanique. L’exceptionnelle collection de robots de Rolf Fehlbaum circule en effet sur un tapis roulant, ces étranges personnages passant même, au terme de leur circuit, devant des rayons X pour nous dévoiler jusqu’à leurs entrailles. Nous pourrions très bien imaginer ces robots prenant possession du Projet pour le Kinshasa du troisième millénaire, une grande maquette de Bodys Isek Kingelez dévoilée au sous-sol. Plus réelle, mais toute aussi délirante, est la fameuse Bubble House de Tacita Dean, cette maison de béton sphérique projetée en face d’extraits du Solaris d’Andrei Tarkovski. Rêve et réalité, encore. Plus loin, les esquisses réalisées pour le film par Mikhail Romadin renvoient aux dessins de Moebius, largement représenté dans l’exposition. L’auteur de bandes dessinées exécute d’ailleurs tous les jeudi, à 16 heures, un dessin en direct sur le site Internet de la Fondation Cartier. Il suffit, pour le consulter, de cliquer sur la page de l’exposition, puis sur “Moebius”, et enfin sur “atelier”. Certainement la manière la plus virtuelle d’aborder “1 Monde Réel”.

1 MONDE RÉEL

Jusqu’au 14 novembre, Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261 boulevard Raspail, 75014 Paris, tél. 01 42 18 56 50, tlj sauf lundi 12h-20h ; www.fondation.cartier.fr ; catalogue, 328 p., 340 F. Également : Dan Simmons, Robots, collection Rolf Fehlbaum, Actes Sud, 200 p., 139 F. ISBN 2-7427-2470-2.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°90 du 8 octobre 1999, avec le titre suivant : La tête dans les étoiles

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