Art moderne - Art contemporain

Bilbao (Espagne)

La splendide « collection d’âmes » d’Alice Neel

Guggenheim Bilbao - Jusqu’au 6 février 2022

Par Anne-Charlotte Michaut · L'ŒIL

Le 26 octobre 2021 - 318 mots

« Pour moi, les gens passent avant tout le reste. J’ai essayé d’affirmer la dignité et l’importance éternelle de l’être humain », affirmait en 1950 Alice Neel (1900-1984).

La rétrospective que le Musée Guggenheim consacre à l’œuvre de la peintre américaine met à l’honneur le profond humanisme de l’une des plus grandes portraitistes du XXe siècle. Rassemblant près d’une centaine d’œuvres, depuis ses premiers tableaux dans les années 1920 et son voyage fondateur à Cuba, jusqu’à son unique et magnifique autoportrait (1980), en passant par des paysages urbains et une multitude de portraits, cette exposition rend hommage aux soixante ans de carrière d’Alice Neel. Si le parcours thématique, aux sections inégales, n’est pas toujours fluide, la scénographie, sobre et efficace, sied parfaitement aux œuvres. Pas de faux-semblants ni de fioritures dans la peinture d’Alice Neel, mais une représentation franche de la réalité sociale et du contexte socio-politique de l’époque. Chaque tableau raconte une histoire, et derrière les visages et les corps représentés, c’est l’âme même des modèles (proches de l’artiste, personnalités de la bohème new-yorkaise, enfants des rues de Spanish Harlem, patients d’hôpitaux psychiatriques…) que nous percevons. L’esprit d’une époque, également. La sexualité, la maladie, la condition féminine ou encore la politique sont autant de thématiques qu’Alice Neel aborde sans fard, avec simplicité et sincérité. En résulte un œuvre radical, d’une rare intensité, et dont l’immédiateté est bouleversante. Profondément engagée, militante féministe et communiste, celle qui se qualifiait de « collectionneuse d’âmes » fait, par sa peinture, un touchant éloge de la vulnérabilité de l’être humain. Cette magnifique exposition s’enrichit d’un espace pédagogique proposant d’appréhender les enjeux et la portée du travail de l’artiste à travers un glossaire de quelques mots-clés – inclusion, sexualité, engagement… Enfin, le film documentaire réalisé en 2007 par son petit-fils Andrew Neel retrace, à l’aide d’entretiens et archives familiales, la biographie d’Alice Neel, et permet ainsi de tisser des liens essentiels entre sa vie et son œuvre.

« Alice Neel. Les gens avant tout »,
Musée Guggenheim Bilbao, Avenida Abandoibarra, 2, Bilbao (Espagne), www.guggenheim-bilbao.eus

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°748 du 1 novembre 2021, avec le titre suivant : La splendide "collection d’âmes" d’Alice Neel

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