« J’ai invité Caroline Achaintre, confie Nathalie Guiot, collectionneuse, poétesse, curatrice et fondatrice de la Fondation Thalie, car elle fait partie de ces artistes qui sont dans le «faire», qui s’emparent de la matière et de techniques traditionnelles, que j’ai envie de soutenir.
» Qui plus est, la collectionneuse met un point d’honneur à défendre depuis plusieurs années les artistes femmes. Cette exposition à la Fondation Thalie est l’occasion de faire découvrir trois techniques auxquelles l’artiste se frotte, à savoir l’aquarelle, la céramique et la tapisserie. Son travail d’aquarelle, qui ne constitue en aucun cas une étape préparatoire avant la réalisation de ses pièces textiles ou de ses céramiques, relève d’une volonté d’affronter la fluidité de ce médium sans se prêter à ses règles. La même liberté est à l’œuvre dans la manière dont elle travaille la tapisserie. Se plaçant à l’arrière de la toile et perdant ainsi une forme de contrôle, elle travaille ses canevas à l’aide d’un pistolet à laine. Elle donne ainsi naissance à des cascades de couleurs derrière lesquelles se dessinent des formes étranges qui semblent nous regarder. Inspirée par le primitivisme et les traditions carnavalesques, la question du masque est centrale dans l’œuvre de Caroline Achaintre, qui veille à ménager des orifices comme la bouche et les yeux. Il en résulte une sauvagerie fascinante. Les céramiques présentées n’échappent pas à ce désir de liberté. D’une texture brillante et souvent reptilienne, toujours sensuelles, les pièces, posées ou accrochées au mur, s’affichent telles des formes indomptables et mystérieuses.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°737 du 1 octobre 2020, avec le titre suivant : La matière en liberté de Caroline Achaintre
