Klimt, Schiele... grands absents !

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 21 décembre 2009 - 237 mots

Klimt, Kokoschka, Schiele, on pouvait s’attendre à croiser leurs toiles troublées, venimeuses, au détour des cimaises madrilènes.

Mais voilà, les contemporains de Freud qui avaient malaxé tensions érotiques et morbides dans leurs peintures et leurs dessins sont absents. Y compris dans le catalogue où il n’est fait nullement mention de leur contribution au sujet. Étrange
.
Schiele fit pourtant de la prison, condamné pour le caractère pornographique de son œuvre et Kokoschka, amoureux transi d’Alma Mahler, réalisa une poupée à son effigie lorsqu’elle le quitta pour Gropius. Perversion et fétichisme, les ingrédients privilégiés à la fondation Thyssen-Bornemisza, ne manquent pas dans ces exemples. Les ingrédients de la morbidité du désir pour l’un, de l’ambiguïté pour l’autre qui dessinait de très jeunes filles aux poses lascives et insolemment érotiques.
 
Pour Freud, l’enfant était l’être le plus ambivalent, un pervers polymorphe en puissance. Les symbolistes viennois l’avaient bien compris. Le trait sûr et sensible de Schiele, admiré par Klimt, traduisait avec justesse ce trouble juvénile, l’abandon du désir teinté de pulsions morbides. Tandis que les corps nubiles qui peuplent les œuvres de Kokoschka confondaient leur existence avec le mythe d’Éros et de Thanatos, l’union terrible du sexe et de la mort. Klimt aussi excellait pour rendre palpable cette ambivalence de la sexualité avec Espoir, en 1903, figurant une femme nue, enceinte, surmontée d’un squelette. L’absence de ces maîtres de l’érotisme douloureux est d’autant plus impardonnable dans cette affaire.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°620 du 1 janvier 2010, avec le titre suivant : Klimt, Schiele... grands absents !

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