Jézéquel - Une manière de penser

Ce travail en série, commencé en 2009, se réfère à la fois au mot anglais « croquis », mais également à cette forme de représentation ou de jeu. L’artiste précise que ses pièces « sont des manières d’esquisses en relief, des assemblages rapides, des urgences ». Dans une espèce de vaste chantier, des modules au sol et en relation avec les murs, constitués de plaques de Placoplatre, s’apparentent à des architectures épurées, ou paysages abstraits, qui viennent jouer avec le lieu d’exposition.

Avec leurs plis et replis, ces assemblages de plans sont des dessins dans l’espace dont la dureté formelle renvoie de prime abord à « l’abstraction pure et dure » du minimalisme. Mais, si Jézéquel est héritière des grands Américains (Donald Judd, Richard Serra, Tony Smith), elle sait s’en démarquer pour proposer des œuvres refusant assignations, étiquetages et classifications hâtives ; par exemple, ses bacs imprégnés de couleurs pulvérisées (rouge vermillon et bleu de cobalt) laissent apparaître des effusions chromatiques qui ne sont pas sans rappeler les débordements de l’expressionnisme abstrait ou de l’Abstraction lyrique. Ainsi, on prend grand plaisir ici à fréquenter une « sculpture ouverte » dont les oscillations dialectiques (entre la géométrie et l’informe, le dessin et la sculpture, le minimalisme et le baroque…) invitent à un dialogue fécond avec l’histoire de l’art.