Espagne - Art contemporain

Bilbao (Espagne)

Helen Frankenthaler, expressionniste à part

Musée Guggenheim – Jusqu’au 28 septembre

Par Itzhak Goldberg · L'ŒIL

Le 21 mai 2025 - 294 mots

Art Contemporain -  En couple pendant cinq ans avec Clement Greenberg, le maître à penser de l’avant-garde américaine, puis mariée durant treize ans à Robert Motherwell, la peintre américaine Helen Frankenthaler (1928-2011), qui fréquente et se lie d’amitié avec la plupart des « ténors » de l’expressionnisme abstrait aux États-Unis, pouvait difficilement rêver d’une meilleure formation artistique.

Le titre de l’article introductif du catalogue par Douglas Dreishpoon, commissaire de l’exposition, « Influences, Affinités, Amitiés », en témoigne. En revanche, percer dans un milieu farouchement masculin – les rares exceptions furent Joan Mitchell ou Lee Krasner, épouse de Jackson Pollock – relevait du défi. Est-ce pour cette raison que, contrairement à d’autres de ses pairs ayant chacune un style bien défini, l’artiste ne s’est jamais limitée à une seule manière ? Son œuvre oscille entre zones colorées aux contours indécis et structures plus denses et plus maîtrisées. À ses débuts, employant des touches légères, elle crée des compositions éclatées où, à l’instar d’Arshile Gorky, elle introduit des formes biomorphiques. Puis elle développe une technique singulière : le stain gesture ou tachisme gestuel. À l’aide de vieilles boîtes de conserve, Frankenthaler verse sur une toile de coton non apprêtée des pigments dilués qu’elle frotte et brosse. La couleur, subtilement modulée, suggère ce que l’artiste appelle un « faux espace ». Ainsi, bien qu’on ne puisse parler de véritables paysages, certaines de ses œuvres, construites à partir de bandes horizontales, exploitent cette ambiguïté – Ocean Drive West (1974) ou la très mélancolique Driving East (2002). Souvent, toutefois, et c’est probablement la signature picturale de Frankenthaler, des éclats aux tonalités vives font leur apparition – Star Gazing (1989), Fantasy Garden (1992). Dispersés sur la surface de manière apparemment aléatoire, ils illustrent parfaitement la magnifique et paradoxale expression utilisée par l’artiste, celle de la « surprise programmée ».

« Helen Frankenthaler : peindre sans règles »,
Musée Guggenheim, Abandoibarra Etorbidea, 2, Bilbao (Espagne), jusqu’au 28 septembre, www.guggenheim-bilbao.eus

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°786 du 1 juin 2025, avec le titre suivant : Helen Frankenthaler, expressionniste à part

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque