Photographie

« Harper’s Bazaar » à la Une du MAD

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 8 avril 2020 - 552 mots

PARIS

Le mythique magazine américain « Harper’s Bazaar » fut un formidable miroir de la mode et de la photographie.

Paris. Depuis mars 2019, les galeries de la mode du Musée des arts décoratifs (MAD) étaient fermées pour une refonte complète de leurs espaces (et le sont à nouveau pour une durée indéterminée), par le studio Adrien Gardère et les architectes de Bien Urbain. Coût des travaux : 2,65 millions d’euros financés par le couple de mécènes américains Christine et Steve Schwarzman qui donnent, en échange, leur nom aux 1 300 m2 de l’aile Rohan du Louvre. La mise à nu des murs débarrassés de leurs anciens coffrages et tentures, l’élégance de l’escalier circulaire créé pour relier les deux niveaux de galeries, et, dans cette même salle, les points de vue sur la rue de Rivoli et sur le jardin des Tuileries de nouveau dégagés, font respirer les lieux. Ce nouvel écrin est ainsi inauguré par la rétrospective « Harper’s Bazaar ».

Pour « la réouverture, c’est un pan moins connu et pourtant essentiel que le musée voulait mettre en lumière : le rôle crucial joué par les magazines de mode dans l’écriture même de l’histoire de la mode », explique Olivier Gabet, le directeur du musée. « Pendant longtemps, c’est dans les pages d’un magazine comme Harper’s Bazaar que la mode a créé à la fois un système de reconnaissance et de visibilité, avec des partis pris et des choix de ceux qui font ces magazines. Aujourd’hui encore, le fait que telle robe de tel créateur ait été photographiée pour ce magazine par Richard Avedon, Hiro ou Peter Lindbergh peut être une raison d’en faire l’acquisition ou de l’exposer. Notre rôle est de ne jamais cesser d’enrichir cette vision de la mode. » Un rôle bien tenu par les commissaires Éric Pujalet-Plaà, attaché de conservation au Musée des arts décoratifs, et Marianne Le Gaillard, historienne de la photographie.

Leur « cartographie du ciel changeant de Bazaar », pour reprendre leurs termes, entraîne le visiteur dans un cheminement chronologique alerte, mettant en avant les grandes périodes et figures du magazine, de sa naissance en 1867 à nos jours. À chaque époque correspondent ses propres créations de mode, photographies, gravures, dessins, extraits de films et couvertures ou doubles pages du magazine.

Une avant-garde bouillonnante

Jusque dans les années 1960-1970, Harper’s Bazaar a été un rendez-vous incroyable de personnalités de l’avant-garde de la mode, de l’art et de la littérature. L’exposition rappelle en particulier les liens privilégiés entretenus pendant longtemps entre les différentes rédactrices en chef et le milieu artistique, photographique ou littéraire français et les grands noms de la couture parisienne. La période du quatuor légendaire Carmel Snow, Alexey Brodovitch, Diana Vreeland et Richard Avedon en témoigne comme celle de Marie Louise Both, première rédactrice en chef du magazine ou celle du photographe français Adolphe de Meyer.

Marianne Le Gaillard met ainsi pleinement à profit ses recherches inédites menées il y a quatre ans sur l’évolution du statut de la photographie au sein de Harper’s Bazaar, tel que les différentes rédactrices en chef et directions artistiques l’ont défini sur près de cinquante ans, pendant l’âge d’or que furent les années 1930 à 1975.

Depuis, les photographes ont cessé progressivement d’être leurs propres éditeurs et le magazine est devenu bien moins prescripteur et révolutionnaire qu’il ne le fut. Mais cela, l’exposition ne le dit pas.

Harper’s Bazaar. Premier magazine de mode,
initialement prévue jusqu’au 14 juillet, Musée des arts déco, 107 rue de Rivoli, 75001 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°542 du 27 mars 2020, avec le titre suivant : « Harper’s Bazaar » à la une du MAD

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