Géricault sort de ses réserves

Une exposition doublée d’un point de vue contemporain

Le Journal des Arts

Le 21 novembre 1997 - 347 mots

Puisant dans ses réserves environ 140 dessins et lithographies inédits de Géricault, l’École nationale supérieure des beaux-arts (Énsb-a) retrace la carrière du chef de file des peintres romantiques français.

PARIS. Lorsque le 26 janvier 1824, Théodore Géricault meurt des suites d’une chute de cheval, à 33 ans, il devient la référence mythique de toute une génération d’artistes. Ceci explique sans doute son succès auprès des institutions publiques françaises, qui possèdent une grande partie de son œuvre. Entre 1867 et 1908, trois collectionneurs soucieux de la formation des jeunes peintres ont offert à  l’École nationale supérieure des beaux-arts une centaine de dessins du maître, ainsi que la presque totalité de ses lithographies. L’Énsb-a présente la majeure partie de ce fonds dans le cadre d’un programme annuel d’expositions des réserves. Cette sélection devrait donner un aperçu assez complet de la carrière de Géricault, depuis ses débuts chez Carle Vernet jusqu’à ses dernières années parisiennes, en passant par ses séjours londoniens et italiens. Toutes les techniques graphiques sont représentées. Sanguines, pierres noires et crayons côtoient des lavis relevés à la plume et des estampes, parfois aquarallées. Le parcours mêle chronologie et approche thématique : études de détails anatomiques évoquant son apprentissage chez Guérin, compositions sacrées ou antiques inspirées par ses voyages à Florence et à Rome, campagnes militaires napoléoniennes de la maturité, scènes de la vie londonienne, épisodes marqués d’orientalisme, chevaux souvent morbides ou sujets graves de la dernière période… Reflet de la diversité des thèmes abordés par Géricault, ce choix d’œuvres devrait dresser le portrait d’un homme entier, épris d’idéal, qui s’intéresse aux situations extrêmes pour mieux fouiller le tréfond des êtres, qui peint des monstres pour mieux comprendre l’humanité. La pièce phare de l’exposition, la Traite des Noirs, rappelle l’engagement du chef de file des artistes romantiques contre l’esclavage.

GÉRICAULT, DESSINS ET ESTAMPES DES COLLECTIONS DE L’ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DES BEAUX-ARTS, du 25 novembre au 25 janvier, École nationale supérieure des beaux-arts, 13 quai Malaquais, 75006 Paris, tlj sauf lundi 13h-19h. Entrée 30 F, TR 20 F. Catalogue couplé avec celui de “Points de vue contemporains”?, 400 F.

Géricault médusé
Quand Alfred Pacquement, le directeur de l’École nationale supérieure des beaux-arts, a lancé l’idée d’une lecture contemporaine de Géricault, il tentait un pari qui était loin d’être gagné. Il l’est pourtant au moins sur un plan : plus de soixante élèves et artistes-enseignants ont répondu à l’appel. Au terme d’une année scolaire, et parallèlement à l’exposition de dessins et estampes de l’auteur du Radeau de la Méduse, les étudiants présentent ici le fruit de leurs réflexions, menées dans les ateliers de Jean-Michel Alberola, Pierre Buraglio, Vincent Bioulès ou Vladimir Vélickovic, professeurs. Ceux-ci se joignent – avec Noël Dolla, Christian Boltanski, François Bouillon ou Anne Rochette – à la manifestation, qui réunit installations, lithographies, peintures, vidéos ou sérigraphies. Une grande toile, peinture collective évoquant un boat people, est également accrochée sur la façade de l’École, quai Malaquais. Deux étudiants de ces “Points de vue contemporain”? auront la chance de se voir décerner le prix Gras Savoye de la Jeune création, le “gs art”? : deux bourses de 25 000 et 15 000 francs, l’acquisition d’une œuvre et un soutien logistique pendant un an. Contrairement aux autres années, seuls les élèves de l’Énsb-a sont en lice pour le prix décerné par le courtier d’assurances. Ph. R.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°48 du 21 novembre 1997, avec le titre suivant : Géricault sort de ses réserves

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