Madrid (Espagne)

Gauguin dans le sillage d’un sauvage

Musée Thyssen-Bornemisza - Jusqu’au 13 janvier 2013

Par Dominique Vergnon · L'ŒIL

Le 9 novembre 2012 - 325 mots

Quand il s’embarque le 10 avril 1887 pour Panamá et la Martinique, Gauguin répond à un appel intérieur qui le pousse à se libérer du passé qui l’oppresse.

Bref voyage qui entame déjà sa santé mais lui révèle ce dont il a à la fois l’intuition et le besoin, une Arcadie dans un autre hémisphère. L’exubérance tropicale, l’attrait des femmes et « ce malgré moi de sauvage » déclenchent un désir de paradis qu’il satisfait quelques années plus tard en s’installant à Tahiti. Mais l’éden rêvé se délite devant la réalité.

Pourtant, en dépit des difficultés matérielles et des souffrances physiques, comme s’il voyait la vie à travers le filtre de son imagination et de ses pulsions, Gauguin ne cesse de peindre, de graver, d’écrire ses émerveillements. Il les traduit en puissantes images où s’exposent dans la lumière insulaire la sensualité, l’offrande de la candeur, la générosité de la nature. Des toiles comme L’Eau délicieuse, Les Seins aux fleurs rouges ou Matamoe traduisent cette douce et éclatante concorde. Les motifs, les formes, les couleurs, les mots se combinent aux plaisirs, donnant aux tableaux et aux lettres du « sauvage naïf et brutal » une portée quasi mystique.

Peu après la mort de Gauguin, son œuvre est appréciée en Allemagne où elle libère le répertoire esthétique. L’intérêt pour l’exotisme se propage alors chez les artistes d’outre-Rhin. Kirchner, Pechstein, Nolde, Macke, entre autres, s’embarquent dans l’immense sillage laissé par l’artiste français. L’intensité du graphisme, la force extrême des tons, les références à ce monde des origines caractérisent leurs œuvres.      

Pour célébrer son vingtième anniversaire, le Musée Thyssen revisite le rôle majeur joué par Gauguin dans l’évolution de l’art du XXe en abordant son impact sur les grandes figures de l’expressionisme allemand. L’occasion d’établir un dialogue neuf entre les « plus sauvages peintures d’Europe » pour reprendre les mots d’Edvard Munch.

Voir « Gauguin et le voyage vers l’exotique »

Musée Thyssen-Bornemisza, Paseo del Prado 8, Madrid (Espagne), www.museothyssen.org

Voir la fiche de l'exposition : Voyage vers l'exotique - Hommage à Gauguin

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°652 du 1 décembre 2012, avec le titre suivant : Gauguin dans le sillage d’un sauvage

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