Paris-1er

Diane Venet, la femme aux bijoux

Musée des arts décoratifs (Mad) - Jusqu’au 8 juillet 2018

Par Lina Mistretta · L'ŒIL

Le 30 avril 2018 - 436 mots

Des « colères » de montres d’Arman figées dans des cubes en polyester, une œuvre miniature de Chamberlain caractéristique de ses assemblages métalliques colorés, deux petites menottes enserrant deux doigts signées de Kader Attia, une mini-compression de bouteilles de César, les bagues et pendentifs aux formes arrondies et épurées, intensément monochromatiques, d’Anish Kapoor, la fleur précieuse du collier Lily de Lowell Nesbitt, le Rabbit en platine de Jeff Koons, le sulfureux Crucifix Ring d’Andres Serrano et, bien sûr, les pièces uniques, bagues, bracelets, réalisés par Bernar Venet pour son épouse… 

La passion de Diane Venet pour les bijoux l’a transformée en collectionneuse, une collection aujourd’hui riche de deux cent trente pièces émanant de cent cinquante artistes majeurs qu’elle expose au Musée des arts décoratifs (Mad) de Paris dans un parcours chrono-thématique qui balaye les grands courants artistiques.

Ces œuvres minuscules sont montrées en résonance avec des œuvres plastiques grand format, ce qui a pour effet de niveler les échelles. Le petit devient aussi important que le grand. Quand on pense bijou, on pense métaux précieux : certains sont façonnés dans des matériaux traditionnels (or, argent, émail), façonnés pour la plupart par des orfèvres. Les Faunes de Picasso, les découpages de Jean Arp, les amulettes de Matta ou les Crétoises de Derain ont été façonnés dans l’atelier de Jean Hugo, Les Nanas de Niki de Saint Phalle, la Bague trou de Man Ray, l’extraordinaire collier byzantin de Gio Pomodoro ont été édités par Giancarlo Montebello. Rares sont les artistes qui réalisent eux-mêmes leurs bijoux : Claude Viallat, Harry Bertoia, John Chamberlain et Alexander Calder font figure d’exceptions, ce dernier ayant transformé le moindre fil de cuivre ou de laiton en parures destinées à ses proches. Quoi qu’il en soit, ce petit accessoire parvient de façon exquise à traduire le langage de l’artiste. Pour preuve, l’araignée de Louise Bourgeois, à une échelle réduite, n’a rien perdu de sa puissance psychique. La plupart des artistes réinterprètent plus ou moins fidèlement les formes du collier, du bracelet ou de la bague, d’autres s’amusent à créer des œuvres singulières, à l’instar de Meret Oppenheim, figure surréaliste qui invente ce collier Tête de poète ou de Tunga, sculpteur brésilien, qui a conçu ce collier baroque intitulé Les Bijoux de La Belle et la Bête. Quant au collier de George Rickey inspiré de sa sculpture Two Lines Oblique Down, il rappelle une éolienne prête à bouger au moindre courant d’air, et peut-on porter ce bracelet/bague d’Adel Abdessemed fait de lames de rasoir coupées au laser ?
 

« De Calder à Koons, bijoux d’artistes. La collection idéale de Diane Venet »,
107, rue de Rivoli, Paris-1er, madparis.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°712 du 1 mai 2018, avec le titre suivant : Diane Venet, la femme aux bijoux

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