Désirs de dragons et de licornes

Voilà que ce monde plus riche et plus beau, qui répond à nos désirs d’enfant, se déploie au Louvre-Lens ! Dragons, griffons, sphinx, licornes, phénix et autres bêtes fantastiques y surgissent du fond des âges pour raconter leur vie à nos côtés, tantôt terrifiante, tantôt drôle ou merveilleuse, depuis l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui. C’est un étrange petit squelette de dragon articulé comme une marionnette, création de la compagnie de théâtre Cendres la Rouge, qui accueille les visiteurs en grognant et en bougeant sa tête et ses nageoires ailées. Non loin de lui, des vagues de la mer toujours recommencée, filmées par Yann Arthus-Bertrand, évoquent cette terreur sacrée qui s’empare de nous devant le spectacle de la nature : elle façonne mythes et bêtes fantastiques, partout dans le monde et depuis la nuit des temps. Thématique, le parcours de l’exposition nous invite à découvrir les différentes facettes de nos rapports à ces chimères. À travers quelque 250 œuvres, il nous entraîne de la Mésopotamie – avec le démon Pazuzu, couvert d’écailles et doté de quatre ailes, de serres de rapace et d’une queue de scorpion – jusqu’au continent américain – avec Quetzalcóatl, le serpent à plumes –, en passant par l’Europe et l’Afrique. Aux côtés des rois, des héros, des saints, dans les tombes, les églises, les cabinets de curiosités, sur les tableaux ou dans les livres et les films, on voit ainsi des monstres imaginaires et symboliques voguer entre l’ici-bas et l’au-delà, peupler les contrées inexplorées du monde, lutter pour le Bien ou incarner le Mal, acquérant leurs attributs au fil du temps sous nos yeux ébahis, à l’instar du dragon qui se pare en Europe d’ailes de chauve-souris au XVe siècle, pour laisser le duvet aux anges. On s’émerveille autant que l’on s’instruit. Pédagogique et érudite, cette exposition stimulante séduira les familles et tous les curieux des monstres : elle réenchante le monde.