Art moderne

Des peintresses à l’Académie

Par Linda Goddard · Le Journal des Arts

Le 18 février 2000 - 375 mots

NEW YORK / ETATS-UNIS

À la fin du XIXe siècle, l’Académie Julian à Paris était l’une des rares institutions de renom accessible aux femmes. Pour la première exposition consacrée à cette école, le Dahesh Museum à New York a rassemblé les œuvres des artistes qui se sont battues pour recevoir une formation identique à celle des hommes.

New York (de notre correspondant) - L’Académie Julian, fondée en 1868 par l’artiste Rodolphe Julian, était la seule école d’art de Paris qui offrait la même formation aux femmes et aux hommes. Les institutions ouvertes aux femmes se limitaient principalement à l’enseignement des arts décoratifs, et la prestigieuse École des beaux-arts ne les a accueillies qu’à partir de 1897. À travers une soixantaine de peintures, dessins et photographies, l’exposition du Dahesh Museum s’intéresse à ces femmes du monde entier qui venaient étudier à Paris, puis retournaient dans leur pays pour y travailler en tant qu’artiste. Ainsi, des œuvres de collections publiques françaises, polonaises, suédoises, ukrainiennes et américaines ont été prêtées, parmi lesquelles des peintures du Musée d’Orsay, du Metropolitan Museum of Art à New York et de la National Gallery of Art à Washington. Des tableaux de la collection de l’Académie Julian-Del Debbio, héritière de l’institution d’origine, sont présentés pour la première fois. Des caricatures et des extraits de journaux intimes racontent la vie de l’atelier que partageaient des artistes comme l’expressionniste allemande Käthe Kollwitz ou les Américaines Elizabeth Gardner Bouguereau et Anna Klumpke, la compagne de Rosa Bonheur. Le tableau de l’Ukrainienne Marie Bashkirtseff, Dans l’atelier (1881), représente ses consœurs travaillant à une étude de nu, une pratique jugée alors inconvenante pour des femmes. Bien que l’Académie Julian soit renommée pour son rôle dans la formation des artistes femmes, les hommes qui y ont étudié ou enseigné – Bonnard, Vuillard, Matisse et Bouguereau – sont beaucoup plus connus. Le commissaire Gabriel Weisberg espère que ce rapport pourra se rééquilibrer : “Cette exposition est importante car elle nous mènera inévitablement vers d’autres artistes femmes dont l’œuvre n’a pas encore été étudiée”.

-SURMONTANT TOUS LES OBSTACLES : LES FEMMES DE L’ACADÉMIE JULIAN, jusqu’au 13 mai, Dahesh Museum, 601 Fifth Avenue, New York, tél. 1 212 759 0606, tlj sauf dimanche et lundi 11h-18h. Puis, 9 juillet-24 septembre, Dixon Gallery & Gardens, Memphis, Tennessee.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°99 du 18 février 2000, avec le titre suivant : Des peintresses à l’Académie

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