Derrière les images de la guerre de 14

Au centre d’interprétation de Souchez, les photographies et les objets provenant de fonds d’archives et de particuliers traduisent ces années de batailles d’Artois, où l’enjeu fut de stopper les Allemands dans leur course vers la mer. Inauguré en 2015 au pied de la nécropole de Notre-Dame-de-Lorette, le parcours permanent développe un récit finement mené de ce conflit jusqu’aux campagnes de déblaiement des ruines et de reconstruction des villes de la région. À ce parcours s’adjoint désormais un programme d’expositions temporaires réalisé en partenariat avec l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD). « Derrière les images. Photographier la guerre » inaugure ce programme par un focus passionnant sur la production d’images durant le conflit et leurs usages. Construite à partir des fonds d’archives de l’ECPAD, l’exposition révèle en effet nombre d’aspects méconnus. Ainsi, ce n’est qu’en 1915 que les hauts dignitaires de l’armée française et du gouvernement ont pris conscience de l’importance des images et de la nécessité de recruter des opérateurs, contrairement aux Allemands qui, dès le début, ont alimenté en photographies la presse internationale. Sur le terrain, l’approche du conflit de ces opérateurs intègre très vite ce qu’il faut montrer et ne pas montrer. C’est ainsi que la mort est omniprésente, tandis que la souffrance est absente de leurs images. Champs de bataille, destructions et impacts de cette guerre sur les civils reflètent donc les affrontements, bien que les contraintes techniques et la lourdeur du matériel de l’époque induisent une prise de vue réalisable uniquement avant ou après le combat. La diffusion de ces images est un autre volet de l’exposition riche en enseignements. Ainsi, à la fin du parcours, le regard porté aujourd’hui sur ces images par cinq grands reporters de guerre, et leurs propres expériences du terrain, forment en conclusion un contrepoint intéressant, mais trop court.