Art moderne - Art contemporain

Paris-5e

Derrière les décombres, les lumières du Liban

Institut du monde arabe (Ima) - Jusqu’au 2 janvier 2022

Par Olympe Lemut · L'ŒIL

Le 23 novembre 2021 - 321 mots

Le goût du collectionneur et donateur Claude Lemand pour la peinture ressort dans le choix des œuvres de la nouvelle exposition de l’Ima, à commencer par celle d’Etel Adnan et de Shafic Abboud.

Figures incontournables de l’art moderne libanais, ces derniers ont en commun les jeux de couleurs sur fond d’abstraction, et un attrait pour la lumière. Claude Lemand précise que, dans sa donation initiale de 1 400 œuvres faite à l’Ima, « les Libanais représentent 600 œuvres ; parmi celles-ci, les œuvres d’Etel Adnan et de Shafic Abboud se comptent par dizaines ». L’exposition restaure donc les liens entre les générations et les continents, plusieurs artistes exposés ne vivant plus au Liban, « comme la génération d’Ayman Baalbaki qui a connu la guerre à partir de 1975 », rappelle Claude Lemand. Les jeunes générations continuent pourtant à peindre, à l’instar de l’Irakien Serwan Baran, dont la toile déverse de grands aplats gris, orange et verts pour dépeindre des militaires accompagnés de chiens : « Il y a dans l’exposition des artistes non libanais mais qui ont un lien avec le pays. Et aussi des Libanais de la diaspora. » Parmi les découvertes, le peintre Hussein Madi, formé au Liban puis à Rome dans les années 1950, dont les peintures à motifs végétaux jouent sur la géométrie et la symétrie : « Il s’inscrit dans une tradition artistique islamique où le motif remplit la toile par répétition, avec des variations infinies », explique le donateur. Citons aussi les toiles brûlées de Nadia Saikali, et la toile sombre du compositeur Zad Moultaka, où des masses grises et noires semblent avoir explosé sur la surface du tableau. Ici, les événements dramatiques qu’a connus le Liban depuis cinquante ans restent en arrière-plan, même si la toile d’Ayman Baalbaki évoque le centre de Beyrouth pendant la guerre, sous le feu des snipers. Reste la lumière, comme dans les toiles abstraites de Saliba Douaihy où l’on devine le tracé de la corniche de Beyrouth.

« Lumières du Liban »,
Ima, 1, rue des Fossés-Saint-Bernard, Paris-5e, www.imarabe.org

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°749 du 1 décembre 2021, avec le titre suivant : Derrière les décombres, les lumières du Liban

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