Photographie

Demarchelier, shooting gratuit au Petit Palais

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 21 novembre 2008 - 400 mots

PARIS

Ceux qui ont vu Le Diable s’habille en Prada (2006) se souviennent de son nom, cité trois fois dans le film : Patrick Demarchelier.

Prononcer à la française, « De-mar-che-lier », pour ce photographe, monstre sacré de la mode, sous contrat d’exclusivité avec le groupe Condé Nast (Vogue, Vanity Fair, Allure, Glamour…), signataire de publicités pour Chanel, Vuitton ou Calvin Klein, et devenu photographe officiel de Lady Di en 1989. Excusez du peu. À 22 ans, Peter Knapp, son aîné dans la mode, lui avait pourtant conseillé de changer de métier, jugeant ses clichés… mauvais ! Knapp manquait ce jour-là de flair.

Demarchelier donc, le plus frenchie des grands photographes de mode, qui appelle « bébé » les Claudia Schiffer, Christy Turlington, Naomi Campbell, Eva Green, Linda Evangelista – la liste est longue –, revient à Paris, qu’il avait quitté pour New York à l’âge de 30 ans (il est né en 1943). Très exactement au Petit Palais, dont il investit jusqu’au 4 janvier 2009 les collections permanentes (et gratuites). Rien de moins !

Voyez plutôt : des images de mode au milieu d’œuvres de Cézanne, Maillol, Roll, Carriès, Gallé, Lalique, Ingres, Monet, Dalou, Carpeaux ou Greuze… La confrontation est autrement plus osée que Jeff Koons à Versailles, et pourtant ! Qui s’est insurgé de l’effraction commise par Demarchelier dans le respectable musée des « Beaux-Arts » de la Ville de Paris ? Tout juste a-t-on lu, entendu, ici et là, quelques attaques en règle sur le « style » Demarchelier : trop people, trop glamour, trop superficiel… trop beau. Mais c’est précisément cela qui fonctionne ici : la beauté.

Car le photographe possède le sens de la lumière bien dosée, bien posée, sur la peau lisse de Gwyneth Paltrow comme sur le visage buriné de Keith Richards. Le sens du dessin aussi, à travers le galbe des lignes du corps de Cindy Crawford qui n’a pas à rougir de la proximité du Sommeil de Courbet : même exactitude de la pose. Quant au regard de Madonna, il supporte aisément celui de mademoiselle de Lancey par Carolus Duran : même vérité. Surtout, Demarchelier possède le don de photographier. Le beau, le luxe, le people, certes !, mais qui s’en plaindra ?

Voir

« Patrick Demarchelier : images de mode au Petit Palais », musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
avenue Winston-Churchill, Paris (8e), www.petitpalais.paris.fr
jusqu’au 4 janvier 2009.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°608 du 1 décembre 2008, avec le titre suivant : Demarchelier, shooting gratuit au Petit Palais

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