De la beauté au temps de la Pompadour

Par Anouchka Roggeman · L'ŒIL

Le 28 octobre 2008 - 385 mots

L’invention du goût en peinture. Tel est le thème que se propose d’explorer l’exposition de Tours où sont présentés une soixantaine de tableaux datés de 1745 à 1764.

Si jusqu’alors la peinture – et les arts en général – étaient soumise au « Beau idéal », universel et dicté par la volonté souveraine, une nouvelle sensibilité voit le jour dans le domaine artistique dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle.
Sous l’impulsion de Madame de Pompadour, la favorite du roi à partir de 1745, et des encyclopédistes qu’elle soutenait, des idées nouvelles entraînent un début d’affranchissement des artistes vis-à-vis des cadres institutionnels. Protectrice des Arts et des Lettres, portraiturée vers 1750 par François Boucher, la Pompadour va notamment contribuer à faire du Beau une notion subjective. Le peintre n’est plus jugé en fonction de la noblesse de son sujet, mais en fonction de la manière dont il restitue le monde.
La prédominance de la peinture historique, genre noble par excellence, est remise en cause par l’avènement de nombreux autres genres, dont le portrait, instrument privilégié de l’introspection, le paysage ou encore la scène de genre. Au beau milieu de ce siècle des Lumières et des plaisirs, la peinture historique prend des inflexions galantes et emprunte les traits propres à la peinture de genre.
Dans Saint Jean-Baptiste (1755) de François Boucher, le corps puissant et charnu du saint est représenté sous l’emprise d’une violente passion intérieure. Bien qu’appartenant à l’Antiquité, la jeune femme de La Douce Mélancolie (1756) de Joseph-Marie Vien ne représente pas tant une époque historique révolue qu’un personnage solitaire en proie à une douleur amoureuse.
Renouant avec le genre de la nature morte qui avait fait son succès dans les années 1720, Chardin fait évoluer son style dans son Panier de pêches (1759) en captant différemment la lumière et en prêtant une plus grande attention au rendu de l’atmosphère de façon à évoquer la saveur même du fruit. « C’est toujours la nature et la vérité, écrit Diderot lorsqu’il découvre le tableau. Les pêches et les raisins éveillent l’appétit et appellent la main. » Un goût nouveau venait de naître.

« La volupté du goût. La peinture française au temps de Madame de Pompadour », musée des Beaux-Arts, 18, place François-Sicard, Tours (37), tél. 02 47 05 68 73, jusqu’au 12 janvier 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°607 du 1 novembre 2008, avec le titre suivant : De la beauté au temps de la Pompadour

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