Paris 15e

Chaissac et Dubuffet côte à côte

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 22 août 2013 - 380 mots

Drôles, parfois dérangeants, souvent loufoques, toujours inventifs, les peintures, sculptures, totems et autres matérialisations artistiques de Gaston Chaissac (1910-1964) et de Jean Dubuffet (1901-1985) présentés au Musée de La Poste avant le Musée de l’abbaye Sainte-Croix, à partir du 12 octobre prochain, prouvent au moins une chose : les œuvres de ces deux personnalités rebelles et anticonformistes parviennent aujourd’hui encore à susciter bien des étonnements, perplexités, admirations, ou autres scepticismes moqueurs.

Il suffit, dans les salles du Musée de La Poste, d’écouter les commentaires du public : « Attends, il a osé faire cela ! », ou bien : « Tiens, ça me donne des idées, ce seau cabossé peint, ça a de la gueule ! », pour constater à quel point les œuvres réalisées par le petit cordonnier perdu au fin fond du Bocage vendéen (Chaissac) et par le pourfendeur de l’« asphyxiante culture » et l’inventeur de l’Art brut (Dubuffet) n’ont rien perdu de leurs résonances.

Le parcours chronologique de l’exposition a pour fil conducteur l’abondante et souvent réjouissante correspondance croisée entre les deux artistes. « Mais on ne parle jamais des mauvais tableaux, et lorsque l’on dit que des tableaux sont mauvais, ça veut plutôt dire qu’ils sont bons. En critique d’art, c’est le silence qui doit se traduire par mauvais » (lettre de Chaissac à Dubuffet, le 4 décembre 1946).

Réunir dans une même exposition les créations des deux hommes ne peut être qu’un pari réussi tant Chaissac et Dubuffet ont entretenu des relations riches en échanges iconoclastes et agités. Il ressort de cet accrochage dense, parfois si dense que des œuvres semblent se dévorer les unes les autres, que le métier et la maîtrise de Dubuffet ne souffrent aucun égarement, il contrôle admirablement toutes ses audaces. Alors que Chaissac n’est jamais aussi à l’aise que quand il travaille sur des matériaux modestes et délabrés : couvercle de lessiveuse, chutes de cuir servant au ressemelage, bidon ou assiette creuse. Saisissants sont sa bouteille recouverte de papiers collés (1955), sa Pelle-bourrier, huile sur métal (1954) et, plus « classiques » mais non moins présents, ses deux totems en bois peint de 1959 et 1960.

Infos pratiques

« Chaissac-Dubuffet. Entre plume et pinceau », jusqu’au 28 septembre 2013, L’Adresse Musée de La Poste, 34, bd de Vaugirard, Paris-15e, www.ladressemuseedelaposte.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°660 du 1 septembre 2013, avec le titre suivant : Chaissac et Dubuffet côte à côte

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