Roumanie - Art moderne - Sculpture

Timisoara et Bucarest (Roumanie)

Brancusi, retour en terre natale

Musée national d’art – Jusqu’au 28 janvier 2024 / MARe – Jusqu’au 15 janvier 2024

Par Itzhak Goldberg · L'ŒIL

Le 25 octobre 2023 - 325 mots

Séries  - Soyons précis, c’est Timisoara, célèbre pour avoir joué un rôle décisif au cours de la révolution de 1989 – l’année de la chute de Ceausescu –, qui est la capitale culturelle européenne en 2023.

Surnommée la petite Vienne, la ville possède un patrimoine architectural impressionnant (baroque, Sécession) mais ne vit pas uniquement sur son passé glorieux. Preuve en est l’exposition actuellement présentée au Musée national d’art de Timisoara qui met en scène Constantin Brancusi, un des artistes les plus importants du XXe siècle. Le titre de la manifestation, organisée par Doïna Lemny, « Sources roumaines et perspectives universelles », tient lieu de programme. De fait, le parcours propose des travaux directement liés au pays natal de Brancusi : l’oiseau fabuleux Maiastra, un personnage d’une ancienne légende roumaine – ici en bronze (1911) et en marbre (1915) – ou Jeune Femme en costume roumain (1912). D’autres œuvres sont de parfaits exemples de métamorphose d’une matière inerte en souffle de vie, d’une forme concrète en idée abstraite. Ainsi, le magnifique Oiseau dans l’espace (1923) se transforme en élan ascensionnel. Ailleurs, avec les différentes versions du Baiser, Brancusi introduit la notion de la sérialité et du multiple dans la sculpture. Série qui aboutira à la célèbre Colonne sans fin, une succession de doubles pyramides tronquées et inversées qui forment une colonne d’une trentaine de mètres de hauteur. De manière inattendue, l’historien de l’art Erwin Kessler, commissaire de l’exposition « L’I mpact Picasso », pointe la ressemblance entre cet élément de construction employé par Brancusi et la forme d’un vase dans un tableau du maître espagnol, datant de 1908. Même si le rapprochement est discutable, on suit avec intérêt le parcours proposé au MARe, un musée privé situé à Bucarest. Entre fascination et rejet, on constate que l’impact de Picasso sur les créateurs roumains varie presque autant en fonction du contexte politique dans ce pays qu’il dépend d’une évolution purement esthétique. Ici, plus qu’ailleurs, l’art ne peut pas faire abstraction de l’histoire.

« Sources roumaines et perspectives universelles »
Musée national d’art, Timisoara (Roumanie), muzeuldeartatm.ro
« L’Impact Picasso »
MARe, Bucarest (Roumanie), mare.ro

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°769 du 1 novembre 2023, avec le titre suivant : Brancusi, retour en terre natale

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