Beaubourg dans la peau d’Alberto

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 2 novembre 2007 - 374 mots

Arrimé à l’atelier d’Alberto Giacometti, le Centre Pompidou présente une rétrospective du sculpteur de L’Homme qui marche composée d’œuvres rares et peu connues, comme les plâtres peints...

Giacometti (1901-1966) que l’on croyait épuisé, rincé d’expositions et de commentaires, tant il fut montré, tant il fut commenté, Giacometti donc, aurait encore quelques secrètes facettes à afficher. Beaubourg nous le confirme, qui orchestre une rétrospective majuscule au plus près du crâne et de l’œil du maître.
En guise de démonstration physique, le propos comme le parcours s’arriment littéralement à l’atelier de l’artiste : atelier comme témoin, comme la pièce haute et exiguë coincée au sud de Montparnasse qu’il occupa quarante années durant. Atelier comme la réplique en volume et en version « éclatée » autour de laquelle s’organise toute l’exposition. Atelier comme le texte magistral que lui consacra Genet en 1958, et atelier enfin comme espace mental de création.

L’antre de la création
Installer l’ensemble de la rétrospective à l’ombre d’un tel lieu place donc le processus au cœur même du sujet. Pour lui donner chair et orientation, l’exposition associe une somme inédite de documents, études, copies, éditions aux peintures, dessins et sculptures attendus. Autant d’éléments choisis qui ne cessent de rappeler à quel point chaque œuvre matérialise une durée et à quel point l’ensemble ne cesse de se reprendre lui-même.
Giacometti peint, modèle ce qu’il voit. Ou ce que voit sa mémoire. Bienvenue dans l’écoute turbulente de cette « vision totale, absolue » nous dit encore le parcours. On y suit sa brouille avec la figure et le réel le temps d’un riche épisode surréaliste. On y comprend comment le travail devant le modèle et la figure lui reviennent au plus exigeant, au plus obsédant, dès le milieu des années trente. On y accompagne sa lutte contre la diminution irrépressible de ses figures. On y voit surgir la solution plastique après guerre par l’allongement outrageux des corps devenus grêles. On suit enfin la dissolution des figures alternant avec l’intensification graphique des visages peints.
« Vous ne copiez jamais le verre sur la table, explique Giacometti en 1962 ; vous copiez le résidu d’une vision. […] On le voit comme s’il disparaissait, resurgissait. C’est-à-dire qu’il se trouve bel et bien
toujours entre l’être et le non-être. Et c’est cela qu’on veut copier. »

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°596 du 1 novembre 2007, avec le titre suivant : Beaubourg dans la peau d’Alberto

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