Belgique - Street art

Bruxelles (Belgique)

Alice au pays des vandales

Mima - Jusqu’au 15 avril 2018

Par Stéphanie Lemoine · L'ŒIL

Le 22 février 2018 - 352 mots

BRUXELLES / BELGIQUE

À la thématique de la désobéissance civile choisie par la Ville de Bruxelles pour commémorer Mai 1968, le Millennium Iconoclast Museum of Art (Mima) se devait de répondre par une proposition forte, qui puisse présenter le street art, l’un des axes privilégiés de sa programmation, sous son jour le plus politique.

Akay, graffeur « historique » de la scène suédoise passé par l’urbex, l’affichage viral, le détournement publicitaire et la critique savoureuse du capitalisme et des modes de vie contemporains, était sans doute l’homme idéal pour mener à bien une telle entreprise. Ce dernier n’étant pas vraiment du genre à se couler dans le mythe de l’artiste comme créateur singulier, il investit le lieu de conserve avec son vieux complice Olabo. Ensemble, ils transforment le Mima en un vaste terrain d’aventure et de jeu.

Dans « Wonderland », pas de toiles, de muraux, de dessins, peu d’archives photographiques et de vidéos – et encore faut-il, pour découvrir celles-ci, actionner toutes sortes de mécanismes. L’essentiel de l’exposition consiste en une série d’installations troussées ingénieusement avec des matériaux de récupération glanés à Stockholm. « Les rebuts des uns sont les trésors d’Akay et Olabo », proclame un cartel logé dans un vieux cadre en bois (même les cartels sont recyclés). Raphaël Cruyt, directeur du musée, confirme : « Leurs pinceaux, ce sont des tournevis et des perceuses. »

Au gré d’un parcours où se succèdent caméras et écrans de vidéosurveillance, panneaux « défense d’entrer », palettes, grillages, portes fermées ou cadenas, ce parti pris place d’emblée le visiteur dans la position de l’explorateur en vadrouille, et souligne que, à tout prendre, le graffiti est peut-être avant tout l’art de savoir ouvrir des portes. Mais ce faisant, « Wonderland » dresse aussi l’éloge d’un mode de vie en rupture assumée avec le confort et le consumérisme contemporains, où priment la débrouille, l’amitié, et la simplicité volontaire.

Chez Akay et Olabo, se verse ainsi quelque chose de Walden qui tient à leur façon de mettre au jour, sous les pavés bien alignés de nos villes, une plage où jouir d’une entière liberté.
 

INFORMATIONS

« Wonderland, Akay & Olabo »,
Mima, quai du Hainaut, 39-41 Bruxelles (Belgique), www.mimamuseum.eu

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°710 du 1 mars 2018, avec le titre suivant : Alice au pays des vandales

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