108 galeries parient sur Art Paris

Par Armelle Malvoisin · L'ŒIL

Le 1 mars 2006 - 911 mots

Une place idéale dans le calendrier des manifestations artistiques, une situation centrale et un lieu magique. Il n’en fallait pas plus pour décider des galeries importantes de rejoindre cette 8e édition.

Parmi les nouveaux venus à Art Paris, des exposants de la scène classique de la Fiac telle la galerie de France qui claironne : « Avec le Grand Palais, on repart pour une belle aventure. » La peinture française est à l’affiche : Gilles Aillaud du courant artistique de la Figuration narrative ; les œuvres informelles de Pierre Soulages ; Martial Raysse, membre des Nouveaux Réalistes ; Jean-Pierre Pincemin du mouvement Support-Surface ; Olivier O. Olivier du groupe Panique ou encore deux toiles de Sam Szafran et Simon Hantaï, artistes dont les prix se sont enflammés dernièrement en vente publique.

Une sélection de peintures et de sculptures
Autre poids lourd parisien, Daniel Templon expose une vingtaine d’artistes de sa galerie dont les derniers travaux de Valerio Adami pour la Figuration narrative et les œuvres de François Rouan et Claude Viallat de Support-Surface. Il propose aussi un aperçu de la création américaine avec le photographe James Casebere qui interroge des architectures minimales, des lieux vides et ambigus évoquant des hammams, des temples ou des palais orientaux (autour de 30 000 € un grand tirage) et le jeune peintre new-yorkais très en vogue en ce moment, Will Cotton, qui crée des paysages monumentaux faits de confiseries et de gâteaux (autour de 45 000 € le tableau).
Chez Gilles Peyroulet, des pièces historiques des années 1960 de Gérard Deschamps, qui rejoignit les Nouveaux Réalistes en 1961, sont à l’honneur (à partir de 8 000 €). À voir aussi les tableaux-photographiques de la fin des années 1970 de Jean-Marc Bustamante (de 10 000 à 30 000 €) ; des photos (3 000 € pièce) et des sculptures (à partir de 15 000 €) du Canadien Robin Collyer sur le thème de la ville qui sont une critique de la société nord-américaine et de tout ce que l’homme peut détruire autour de lui, ainsi que les paysages mornes du photographe Jean-Louis Garnell (10 000 €).
La Toulousaine Sollertis montre un ensemble de jeunes artistes de sa galerie dans une fourchette de prix accessibles, de 500 à 7 000 €, qui comprend des dessins oniriques de Pauline Fondevila ; des peintures de Philippe Nuell, Français exilé aux États-Unis retraçant sa vision de New York et des sculptures mettant en scène la mode et l’érotisme de l’artiste hollandaise Madeleine Berkhemer.

La présence de galeries étrangères
Les exposants étrangers, certes moins nombreux, essaient de marquer le coup. La new-yorkaise Denise Cadé agite le drapeau d’une programmation « Made in France », avec une œuvre importante de Jean-Pierre Pincemin, une gouache de 1962 de Vieira da Silva et une peinture à l’œuf de Roger Bissière. Aux côtés d’artistes allemands, Die Galerie de Francfort représente le groupe Cobra avec des pièces intensément colorées, signées Pierre Alechinsky, Karel Appel, Corneille et Asger Jorn en parallèle d’œuvres surréalistes de Max Ernst et André Masson.
En contrepoids à cette débauche d’art figuratif, se présentent quelques   « candidats au suicide », plaisante le galeriste parisien Jean Brolly. Son stand est entièrement consacré à la peinture abstraite géométrique, notamment les derniers monochromes or de Bernard Aubertin (de 4 000 à 9 000 € selon la taille) et une démonstration récente de l’art systématique de François Morellet tirée de la série des Pi puissant (30 000 €), dans la plus grande rigueur minimaliste et géométrique qui le caractérise.
Anne Lahumière, autre spécialiste de l’abstraction, offre de son côté un accrochage autour de toiles des années 1970 de Günter Fruhtrunk aux raies et bandes de couleurs ordonnées dans le sens horizontal, vertical ou oblique et un panorama du travail de Victor Vasarely, depuis les tableaux géométriques des années 1950 jusqu’aux grandes pièces de l’art cinétique des années 1970 (jusqu’à 150 000 € pour un grand format).
Pour les amateurs moins fortunés, les travaux du jeune artiste contemporain Jean-François Dubreuil, démontrant la continuité de l’art construit, sont à saisir à partir de 1 500 €.
La sculpture contemporaine constitue un rendez-vous de poids à Art Paris. Un parcours spécifique donne aux galeries la possibilité de mettre en lumière un ou plusieurs sculpteurs de leur choix : Arman à la galerie Trigano et chez le Belge Guy Pieters ; Claude Gilli à la galerie du Centre ; Raymond Hains chez Lara Vincy ; Keith Haring à la galerie Enrico Navarra ; Philippe Garel et Quentin Garel chez l’Italienne Forni ; David Nash à la galerie Lelong…

Jeanne Buchet expose un Dubuffet géant
Cette exposition en 3D est présidée par Le Deviseur I, sculpture de 3,40 m de haut de Jean Dubuffet. Le personnage sur son trône, véritable autoportrait de l’artiste, accueille les visiteurs à l’entrée. Cette pièce monumentale appartenant au cycle de L’Hourloupe, spécialement agrandie pour Art Paris en exemplaire unique, est présentée par la galerie Jeanne Bucher (cf. p. 43). C’est à cette enseigne parisienne fondée en 1925 que l’artiste avait confié en 1964 (conjointement avec la galerie Beyeler à Bâle) la responsabilité du développement commercial de ce cycle qui compte aujourd’hui parmi les grands classiques du xxe siècle mais qui était, à l’époque, totalement révolutionnaire et controversé.

Autour de l’exposition

Informations pratiques La 8e édition d’Art Paris a lieu du 16 au 20 mars tous les jours de 11 h à 20 h et le vendredi jusqu’à 22 h. Tarifs : 15 et 10 €. Le salon, avec 108 galeries présentes, sera le premier salon à s’installer sous la prestigieuse verrière du Grand Palais, avenue Winston Churchill, Paris VIIIe, www.artparis.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°578 du 1 mars 2006, avec le titre suivant : 108 galeries parient sur Art Paris

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque