Paris - Patrimoine

Deux associations présentent un contre-projet pour l’extension du stade Roland Garros

Par Chloé Da Fonseca · lejournaldesarts.fr

Le 4 juin 2012 - 662 mots

PARIS [04.06.12] – Alors que le projet d’extension de Roland Garros prévu par la Fédération Française de Tennis (FFT) semble avancer à grande allure, ses opposants continuent de mener leur combat. Le point sensible : l’installation d’un nouveau court sur les serres du Jardin d’Auteuil. Pour les associations auteurs du contre-projet plutôt que d’étendre le stade vers l’Est, il faut investir le Nord en couvrant une partie de l’A13.

Les associations à l’origine du contre-projet - VMF (Vieilles Maisons de France) et SPPEF (Société pour la Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France) - rappellent que le Jardin et les serres d’Auteuil sont protégés par le classement en 1957 du Bois de Boulogne en tant que Monument naturel et depuis 1998 par deux labels : le jardin et une partie des bâtiments sont inscrits à l’« Inventaire supplémentaire des Monuments historiques », et le jardin est estampillé « Jardin botanique de France et des pays francophones ». Trois bonnes raisons donc pour s’opposer à l’implantation d’un nouveau court de tennis à la place des serres chaudes et des serres techniques (construites en 2003), des serres qui abritent plus de 10 000 plantes, dont cinq collections végétales classées et certaines espèces en voie de disparition.

La promesse de déplacer toute cette belle flore au Jardin d’Acclimatation voisin ne suffit pas. En décembre, l’ICOMOS dénonçait la menace qui pesait sur « l’unité parfaite entre bâtiments et espaces verts » du jardin d’Auteuil. VMF et SPPEF, devenus porte-parole de la contestation, se sont unies pour mettre en place un contre-projet qui propose une solution alternative qui « préservera l’intégrité des serres d’Auteuil » tout en offrant « un espace nouveau équivalent » au projet d’extension de la FFT, nécessaire au développement du tournoi international.

Le contre-projet s’oppose à la destruction des serres d’Auteuil. Comme l’avait déjà proposé l’ICOMOS en décembre 2011, la couverture partielle de l’A13 qui borde au Nord le complexe sportif permettrait de résoudre l’équation. Il existe déjà 2 400 m² d’autoroute couverte au Nord-Est du stade ; en allongeant cette couverture de 4 000 m², cinq courts d’entraînement pourraient y être construits. Ainsi, les courts situés entre les courts Suzanne Lenglen et Philippe Chatrier pourraient être remplacés par une nouvelle place des Mousquetaires. La FFT a prévu que cette place des Mousquetaire, actuellement coincée entre le court n°1 et le court Philippe Chatrier, soient agrandie, ce qui nécessite la destruction du court n° 1. VMF et SPPEF rappellent que ce court n°1, construit en 1980, est « particulièrement apprécié » des joueurs et des spectateurs mais aussi en excellent état. « Le détruire et le remplacer est une dépense aussi considérable qu’inutile » argumentent les associations. Ainsi, la conservation de ce court n°1 rendrait inutile la construction d’un nouveau court dans le jardin d’Auteuil. Les deux projets d’accordent cependant sur la construction d’un nouveau court de 3 000 places au Fonds des Princes tout à l’Ouest de Roland Garros.

Mais alors que la ville de Paris argumente sur l’impossibilité de couvrir l’autoroute A13 pour des raisons budgétaires, le contre-projet avance d’autres chiffres. En se basant sur les coûts pour les travaux de couverture du périphérique aux portes de Vanves et des Lilas, les associations estiment que les travaux de couverture de l’A13 s’élèveraient à 25 millions d’euros ; très loin des 250 millions (voire 500 millions) annoncés par la ville de Paris.

Les associations s’opposent également à l’annexion des bâtiments de l’Orangerie et du Fleuriste ainsi qu’à l’occupation de 80% du Jardin d’Auteuil en espaces commerciaux, touristiques et en « zones de montage et démontage » le temps des tournois annuels. Philippe Toussaint, président de l’association VMF, en appelle aux administrations chargées du projet d’extension de Roland Garros : « Nous pensons qu’il est absolument fondamental […] que les responsables de la ville et de la FFT mettent à l’étude un deuxième plan de réaménagement qui tienne compte davantage de ce site » qui accueille un important patrimoine historique, naturel et scientifique.

Légendes photos

Le court Susan Lenglen du stade de Roland-Garros - 2003 - Photo Arnaud 25

Le stade de Roland Garros et en bas les serres d'Auteuil - Copyright photo Google Maps

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