Bordeaux

Une belle boîte à idées

Le Journal des Arts

Le 1 mai 1994 - 509 mots

L’architecte romain Massimiliano Fuksas crée la surprise à Bordeaux avec une boîte de cuivre. Il construit la « Maison des Arts » sur le campus de l’Université Michel de Montaigne.

BORDEAUX - Révolution culturelle sur le campus, une nouvelle architecture se dessine sur le site universitaire de Bordeaux. Ce pôle pédagogique, qui s’étend au sud-ouest de la capitale de l’Aquitaine, est un lieu des plus hétéroclites. Trois universités, trois présidents différents. Autant dire une maîtrise d’ouvrage très éclatée. Les bâtiments sont à l’avenant. Il y a de tout, mais rien de bien cohérent. D’un univers de blocs de béton, va émerger une belle boîte signée Fuksas, lauréat du concours lancé pour la réalisation de la "Maison des Arts et du premier cycle" de l’université Michel de Montaigne-Bordeaux III.

Le vent de la modernité souffle donc d’Italie, avec cet architecte romain qui avait permis, à Paris, dans le gymnase qu’il a construit dans le XIe arrondissement, à l’artiste Enzo Cucchi de réaliser sa première œuvre dans la capitale. À Bordeaux, le concept tient en peu de mots : "Un objet simple doté d’une peau sensible". L’objet est un long parallèlépipède de quatre-vingt dix mètres de long sur vingt mètres de large. La peau est en cuivre. Fuksas adore les matériaux vivants, ceux qui se patinent au fil du temps et participent ainsi à la mutation de la ville et du paysage. Après avoir utilisé du zinc pour la médiathèque de Rézé et pour les surprenants logements de l’îlot Candie à Paris (XIe), et eu recours à l’acier pré-rouillé pour le magnifique bâtiment d’accueil de la grotte de Niaux dans l’Ariège, l’architecte italien a choisi l’habit vert – du cuivre pré-oxydé – pour la maison des Arts de Bordeaux.

Fuksas propose "d’éliminer au maximum l’architecture pour montrer le vide". Percée de deux grands trous, la boîte de cuivre est coupée en deux dans le sens de la longueur. Très sculpturale, cette barre dans le paysage universitaire a quelque chose de paradoxal. Apparemment opaque, elle est conçue pour offrir des transparences. "C’est une façon de regarder à travers,on verra une sculpture" annonce l’architecte. L’un des deux trous de la façade offre une vue cadrée sur l’atelier de sculpture installé au rez-de-chaussée. Un autre percement sert de vitrine à l’espace d’exposition.

Conceptuel, le projet de Fuksas n’en est pas moins fonctionnel. Sous une même peau, plusieurs organes. La Maison des Arts (2 653 m2) rassemble différents pôles d’activités (théâtre, musique, arts plastiques, radio, cinéma...) qui communiquent par des vides comme le hall d’accueil au centre du bâtiment. Le plus grand espace est réservé au théâtre, le plus repérable est le studio de "Radio Campus", installé symboliquement sur le toit "comme une antenne tournée vers le monde".

À l’heure où les universités françaises ne manquent pas une occasion pour regagner le cœur des villes, il était temps d’amorcer la régénération de ce site pédagogique périphérique. C’est apparemment bien enclenché. À la fin de l’année ouvrira, avant la Maison des Arts, l’antenne du CNRS, dessinée par le trio bordelais Brochet-Lajus-Pueyo. Un joli bâtiment sur pilotis.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°3 du 1 mai 1994, avec le titre suivant : Une belle boîte à idées

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