Tom Haugomat la course en tête

Par Gérald Guerlais · L'ŒIL

Le 19 octobre 2016 - 400 mots

JEUNESSE - Une singularité émane de la génération des illustrateurs français nés au début des années 1980 : leur culture visuelle est profondément marquée par le cinéma et la télévision. Pour les plus doués d’entre eux, leur talent trouve son expression dans le cinéma d’animation. L’émergence des supports numériques encourage cet art de la déclinaison.

Tom Haugomat est de ceux-là. Après une année d’études en histoire de l’art et archéologie, c’est à l’école des Gobelins, en section « Conception et réalisation de films d’animation », qu’il se découvre une passion pour l’image en mouvement. Avec son camarade Bruno Mangyoku, avec lequel il partage spontanément son expression graphique, ils s’attellent très naturellement à la coréalisation du court-métrage très remarqué : Jean-François (Arte, 2009). Un sésame pour ce milieu ultra-concurrentiel. Mais la passion pour l’image fixe demeure et l’esthétique, qu’il a portée à maturité à force de carnets de croquis, franchit aisément les genres. Son efficience graphique faisant fi des frontières des supports. Aussi, dans ce domaine tout aussi prisé qu’est l’illustration, Haugomat fait rapidement mouche. Son premier portfolio a un impact sur les agences – la campagne Volkswagen, les vitrines animées du Printemps, la marque Burberry, la SNCF, les étiquettes Évian – et le milieu éditorial – Le Monde, Travel and Leisure, la revue XXI, Actes Sud, les éditions Thierry Magnier, Flammarion – qui se disputent ses environnements très narratifs, aux perspectives soignées et très lisibles, souples mais taillées au cordeau. Le style Haugomat ? Une palette volontairement restreinte, voire minimaliste, un dessin figuratif, une ligne impeccable, sinueuse et proportionnée, sans effets ni fioritures, sans systématisme ni ornementations. Une économie de moyen qui s’offre le luxe d’omettre regards et bouches sur les visages, sans glisser vers une esthétique macabre, et qui englobe son sujet jusque dans son essence même. L’habile combinaison de ces caractéristiques lui permet de dire, avec une élégance confondante : le maximum avec le minimum. Une prouesse autant qu’un havre de paix plus que bienvenu pour nos rétines usées par la prolifération des écrans où se bousculent les images saturées de vacuité. Peut-être l’avez-vous déjà remarqué : de plus en plus de couvertures de magazines, avec le concours technique d’applications de smartphones, s’animent. Il faudra compter à l’avenir sur des illustrateurs capables de garantir la pertinence du contenu visuel lors de cette conversion inéluctable. Il est heureux qu’on puisse déjà compter sur Haugomat pour en assurer la qualité.

Frères d’exil

Tom Haugomat et Kochka, Flammarion Jeunesse, 153 p., 12 €.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°695 du 1 novembre 2016, avec le titre suivant : Tom Haugomat la course en tête

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