lycee hôtelier

À table !

Par Gilles de Bure · Le Journal des Arts

Le 1 décembre 2006 - 496 mots

Au coin du boulevard Raspail et de la rue Campagne Première, ce qui fut un petit studio de tournage, a disparu et laissé place à un collège technique. Jamais réellement entretenu, ce dernier ferma ses portes à l’aube des années 1980. De brèves expositions, des performances y furent sporadiquement organisés de façon plus ou moins licite jusqu’à ce que sa démolition soit entreprise.
On décida alors d’y installer un lycée professionnel à vocation hôtelière. Un concours d’architecture fut organisé, remporté par le duo Brenac & Gonzalez.
Mais voilà, les associations de quartier veillent, plaident leur cause, négocient, transigent… Dix années s’écoulent entre la décision du jury et l’ouverture du Lycée professionnel en septembre 2006. Lequel lycée porte le nom de Guillaume Tirel, dont on sait qu’il fut le cuisinier du roi Charles V et surtout l’auteur du premier recueil de recettes culinaires écrit en français.
Près de 400 élèves (l’objectif est fixé à 600), venus apprendre les métiers de l’hôtellerie (cuisiniers, pâtissiers, serveurs, hôtesses, femmes de chambre, œnologues…) ont donc enfin pris possession des dix mille mètres carrés mis à leur disposition par Brenac & Gonzalez, et financés à près de 20 millions d’euros par la Région Ile-de-France.
Dix mille mètres carrés qui se décomposent en plusieurs corps de bâtiments soigneusement déliés et  parfaitement imbriqués. À commencer par un premier volume vertical, sur le boulevard Raspail, qui accueille les logements de fonction du personnel pédagogique. En retrait du boulevard et de la rue, le lycée proprement dit, parfaitement orthogonal, semble, à mi-hauteur, comme pivoté, vaguement déhanché. Un léger glissement qui met en valeur des terrasses et des jardins suspendus et installe la courbe cour de récréation, à ciel ouvert, entre le deuxième et le troisième étage.
Dans le bâtiment, s’égrènent bureaux de l’administration, salles de cours, ateliers, cuisines… et un restaurant, une brasserie, un hôtel (4 chambres très confortables) et un appart’hôtel dits « d’application ».
Ouverts au public (1), ces territoires d’application donnent aux élèves l’occasion de tester en situation réelle le niveau de leurs savoirs.
Isolant le lycée professionnel du boulevard Raspail, un long mur de verre sérigraphié agit comme un clin d’œil à celui que Jean Nouvel a tendu, un peu plus haut sur le boulevard, pour la Fondation Cartier.
Au total, un très curieux bâtiment qui évoque les années 1970 : revisitées et maîtrisées. Et que vient égayer sur le grand mur pignon du fond, un interminable tag, caractéristique des années 1990, qui ne relève en rien du 1 % artistique, et que les architectes ont soigneusement conservé. Mais le plus joli cadeau que Brenac & Gonzalez font au quartier, c’est l’implantation un peu biaisée de leur bâtiment : depuis la terrasse du Raspail Vert, on a tout loisir d’admirer la façade en faïences colorées de l’immeuble d’ateliers qu’André Arfvidson édifia au 31-31 bis, rue Campagne Première entre 1915 et 1920.

(1) Chambres confortables, menus convenables et très petits prix. Mais il convient impérativement de réserver au 01 44 84 19 30.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°248 du 1 décembre 2006, avec le titre suivant : À table !

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