Sculpture

Sculptures émouvantes

Par Céline Garcia-Carré · L'ŒIL

Le 2 avril 2019 - 353 mots

Périgueux - Sur un sol en damier typique de la Renaissance se déplacent la Vénus de Willendorf, L’homme qui marche d’Alberto Giacometti et l’étrange oiseau-lapin en fourrure verte tout droit sorti de La Tentation de saint Antoine de Max Ernst. Inspiré de l’ermite de La Tentation de saint Antoine de Flaubert, Ermitologie convoque sur scène plusieurs périodes de l’histoire de l’art à travers des œuvres qui semblent prendre vie. Des danseurs et circassiens sont dissimulés dans d’étranges costumes-sculptures entièrement conçus par Yvan Clédat et Coco Petitpierre dans leurs ateliers. Les œuvres remarquablement reproduites s’extraient de leur inertie originelle pour devenir des personnages réels. Chaque mouvement de sculpture est accompagné d’un son, tels les grincements du bronze de L’homme qui marche, plus vrai que nature… Ermitologie est un voyage à la frontière entre le rêve et la réalité : « Nous voulons susciter la beauté et l’émotion, l’émerveillement du spectateur plongé dans un en état de contemplation », expliquent-ils. S’il ne s’agit pas de retranscrire le poème de Flaubert, le texte en est la toile de fond. Sur scène, une grotte aux parois métallisées d’où s’extrait la sculpture de Giacometti, représentant l’ermite, est surmontée d’une reproduction miniaturisée d’un paysage, allusion aux paysages érémitiques autrefois peints sur le fronton de grottes reproduites à échelle humaine. La reine de Saba, personnage féminin de Flaubert, est la Vénus de Willendorf, cette statuette en calcaire du paléolithique supérieur, dont la volupté séduit l’ermite de métal. La mise en mouvement de ces objets originellement inertes fait écho aux arts de la marionnette auxquels était sensible Flaubert : « Nous savons qu’il affectionnait particulièrement les théâtres des Mystères lorsqu’il était enfant, et qu’il voulait mettre en scène La Tentation de saint Antoine. Le début de son poème est d’ailleurs la description d’un espace scénique », souligne Yvan Clédat. Ermitologie est un fantasme teinté d’une douce mélancolie dans lequel les œuvres d’art, affranchies de leur statut d’objet, explorent la solitude au gré de leurs rencontres anachroniques.

Quoi ?
« Ermitologie », de Clédat & Petitpierre (son : Stéphane Vecchione ; lumières : Yan Godat ; régie robot : Yvan Clédat). Production 2017 de Nanterre-Amandiers
 

Où ?
Scène de L’Odyssée, Périgueux (24)
 

Quand ?
Les 3 et 4 avril 2019
 

Comment ?
www.odyssee-perigueux.fr

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°722 du 1 avril 2019, avec le titre suivant : Sculptures émouvantes

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